Le Chanbara a eu Yojimbo, le western a eu Pour une Poignée de Dollars et le post-apo aura Omega Doom. Car c’est bien à Akira Kurosawa et Sergio Leone qu’Albert Pyun a tenté de se mesurer sans en avoir les moyens et le talent diront certains. Et pourtant en dépit de ce que pensent les mauvaises langues, le réalisateur a fait son entrée dans le cinéma par la grande porte et fût introduit par un certain Toshiro Mifune qui le présenta à son maître de prédilection (Akira Kurosawa donc, oui je sais je me répète avec cette anecdote...) avant de se lancer dans le monde de la série B avec L’épée Sauvage puis de dériver progressivement dans celui de la série bis et du DTV. Mais s’il y a une chose que le cinéaste aime encore plus que les robots, la baston, les ruines, les explosions la peste et le choléra, c’est bien le western et le chanbara, ses deux genres de prédilection. Et à l'instar de John Carpenter, le réalisateur a bien souvent tenté d'en reproduire les codes fondamentaux, composant des ambiances crépusculaire plutôt élaborés, privilégiant systématiquement le cinémascope à tout les autres formats même si certaines éditions DVD paru dans nos contrées n’ont pas permis d’en saisir toute l’ampleur et la démesure sur nos télés carrés de l'époque adapté au 4/3. Derrière ses arguments et intrigues de série B, ses films composent le plus souvent avec des personnages esquissés à gros trait. Bien souvent il s’agit du cliché de l’étranger venu de nulle part qui parcourt une quête plus introspective que véritablement motivé par une récompense ou par la cause du bien commun.
Le pitch introductif se rapproche beaucoup de celui de Terminator avec cette guerre totale entre les humains et les robots, ces monticules de corps qui s’entassent dans le cadre et cette situation désespéré qui met l’accent sur notre propre extinction. Cependant, Albert Pyun n’est pas James Cameron et cela se ressent dans les trucages et effet visuels qui ne cache rien de leur laideur malgré l’utilisation approximative d’un filtre rougeâtre. Une fois encore, le cinéaste a choisi de poser ses valises en Slovaquie et il n’y en a pas deux comme lui pour filmer ces quartiers en ruines. Cela donne au film des atours de véritable carte postale post-apocalyptique. Nous serons donc plongés au coeur de cet environnement sinistré en plein hiver nucléaire avec un robot comme héros qui ne trouvera rien de mieux qu’un troquet assez minable pour se sustenter d’une eau distillé. Et qui de mieux que Rutger Hauer alias Roy Batty de Blade Runner pour l’interpréter. L’acteur hollandais succède ainsi à Toshiro Mifune et Clint Eastwood dans le rôle de l’homme sans nom qui va offrir ses services de flingueurs entre deux gangs que toute oppose. D’un côté nous avons donc les Roms, des tueuses impitoyables dont le look (imper et lunette noir, coupe au bol) évoque celui du Major de Ghost in the Shell. De l’autre nous avons les droïds à la gestuelle déjà plus grippé mais non moins dangereux et belliqueux que ces derniers. On repassera néanmoins sur les discours psychanalytiques de comptoir qui ne serviront que de cache-misère afin d’étoffer artificiellement ses personnages et de leur attribuer un caractère humanoïde alors qu’ils n’avaient pas franchement besoin de cela pour exister.
Au-delà de son ambiance lourde et dépréciative qui nous donne bien souvent l’impression de regarder des âmes damnés s’écharper dans un purgatoire infernale sans futur ni espoir, Omega Doom dénote tout de même une forme subtile d’humour noir et de second degrés que l’on percevait déjà dans Yojimbo et Pour une Poignée de dollars, et que l’on retrouve ici dans certaines pochades et interprétations proche du cabotinage excessif. Norbert Weisser notamment dans le rôle de cette tête parlante qui servira de ballon de football à un droïd patibulaire et qui permettra d’introduire un échange verbiale assez savoureux faisant grossièrement référence au duel anthologique entre Clint Eastwood et les quatre cow-boys d’opérette qu’il fustigeait d’avoir effrayé son mulet. Ici la démonstration de force tournera assez cour, et les duels léoniens (gros plan sur les regards, formidable gestion des corps, de l’espace et de l’environnement déjà vu à l’oeuvre dans son Dollman) seront en partie gâchés par des effets de halo lumineux servant de projectile létale. L’intrigue n’est pas des plus incroyable non plus puisque les deux camps se tirent la bourre afin de mettre la main sur de vieilles armes à feu qui serait enterrés quelques part et qui permettrait selon toutes vraisemblances de prendre le contrôle totale du territoire en écrasant tout forme de résistance, qu’elle soit d’origine humaine ou bien robotique. Mais pourquoi diable vouloir posséder ces antiquités quant on possède des pistolets lasers aussi chirurgicaux ? La fin laissera également un sentiment d’inachevé, puisque l’histoire se conclura de manière très abrupte sans réel grand affrontement. À en voir le générique, il y a fort à parier que le réalisateur prévoyait d’en produire une suite directe comme il l’avait fait avec sa saga Nemesis. Omega Doom vaut néanmoins le plaisir de la redécouverte, ne serai-ce que pour le savoir faire de son chef opérateur George Mooradian (encore et toujours!) ainsi qu’au soin apporté à cette atmosphère onirique et mortifère que la saga vidéoludique Fallout reprendra à son compte de bien belle manière.
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