Omelia contadina
6.8
Omelia contadina

Court-métrage de Alice Rohrwacher et JR (2020)

Parmi d’autres graves soucis (exemple : le réchauffement climatique) qui nous concernent toutes et tous et qui sont évidemment liés (en particulier par l’augmentation de la population mondiale et le train de vie mené par les plus riches), ce court métrage met en lumière ce qui se passe pour l’agriculture. Ici l’italienne Alice Rohrwacher se concentre sur son inquiétude pour l’avenir des paysans du plateau de l’Alfina (Italie), car ils n’en peuvent plus. Les considérant comme condamnés, elle réalise ce court métrage pour mettre en scène leur mort. Il s’agit donc d’un enterrement, ce qui convient bien, puisque ces hommes et ces femmes travaillent… la terre.

L’objectif étant de marquer les esprits, elle imagine (probablement avec eux) une mise en scène particulière. Sur un matériau suffisamment solide, souple et léger (genre toile cirée), elle a fait découper deux silhouettes imprimées (de quelque chose comme quinze mètres de hauteur), reproduisant ses personnages : un homme et une femme. Et elle les filme, portées par un groupe de paysans qui tiennent la toile par un système de cordages permettant de les déplacer à plat (toile tendue), de façon à ce qu’on les voie bien, surtout de haut. Nous avons donc droit à un cortège funèbre qui, aux sons d’une fanfare solennelle, accompagne ces symboles vers leur dernière demeure, un trou immense (creusé à l’aide d’un engin de chantier) qui sera comblé par les pelletées jetées par les participants à la cérémonie.

Le format du court métrage (10 minutes) est bien adapté, suffisant pour détailler la cérémonie, accompagnée du discours qui permet de marquer le coup. La progression du cortège dans la campagne est filmée en plongée, probablement à l’aide d’une caméra portée par un drone télécommandé, ce qui permet d’obtenir des images originales et impressionnantes sans moyens faramineux. C’est très bien ainsi, car le film est bien fait et met en scène exactement ce qu’il fallait : les paysans (qu’on sent très concernés), la terre et la mort programmée d’un système qui, bien qu’ayant longtemps tourné à la satisfaction de tous, arrive à son terme.

Electron
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le 3 janv. 2023

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