On the line (Les expulsés de l'Amérique) par Christine Deschamps

Un sujet qui méritait d'être traité et une réalisation qui permet d'entrer dans ce no man's land qu'est l'exil administratif, mais qui valait également mieux que ces séquences inutilement étirées qui finissent par produire de l'ennui. Pourtant, ces trois victimes de l'administration Trump méritent l'empathie : expulsées manu militari alors qu'elles avaient construit leur vie aux États-Unis, séparées de leurs familles, condamnées à une certaine forme d'oubli, acculées à des expédients, elles semblent flotter entre deux mondes sans réussir à trouver leur place. Parce qu'elles ou leurs parents sont entrés aux États-Unis sans papiers et parce qu'on les a laissé prospérer jusqu'à ce que quelqu'un siffle la fin de partie. L'ironie, c'est que leurs enfants ou leurs parents, eux, sont restés de l'autre côté du mur, ce symbole de la séparation arbitraire entre les êtres humains. Évidemment, Tijuana, qui semble fabriquée dans l'urgence pour recueillir toute la misère du monde, fait bien pâle figure à côté des bulles confortables que ces expulsés s'étaient construites à force de travail. Certains ont même risqué leur vie dans les conflits innombrables engagés par les États-Unis alors qu'ils servaient leur drapeau. Bref, un imbroglio inextricable qui met en lumière l'absurdité non seulement de décisions politiques arrivistes d'une administration populiste mais aussi de toute l'organisation sociale d'un monde décidément bien peu raisonnable et compassionnel.

Créée

le 24 févr. 2021

Critique lue 182 fois

1 j'aime

Critique lue 182 fois

1

D'autres avis sur On the line (Les expulsés de l'Amérique)

On the line (Les expulsés de l'Amérique)
RENGER
6

Des vies brisées par l’absurdité de l’administration américaine.

Léo Mattei & Alex Gohari se sont intéressés aux milliers de mexicains aux vies brisées, expulsés des États-Unis après y avoir vécus de nombreuses années, y avoir fondé une famille, travaillé et...

le 1 nov. 2022

Du même critique

Watchmen
ChristineDeschamps
5

Critique de Watchmen par Christine Deschamps

Il va vraiment falloir que je relise le somptueux roman graphique anglais pour aller exhumer à la pince à épiler les références étalées dans ce gloubiboulga pas toujours très digeste, qui recèle...

le 18 déc. 2019

23 j'aime

3

Chernobyl
ChristineDeschamps
9

Critique de Chernobyl par Christine Deschamps

Je ne peux guère prétendre y entendre quoi que ce soit à la fission nucléaire et, comme pas mal de gens, je présume, je suis bien contente d'avoir de l'électricité en quantité tout en étant...

le 9 sept. 2019

13 j'aime

5

Tuer l'indien dans le cœur de l'enfant
ChristineDeschamps
8

Critique de Tuer l'indien dans le cœur de l'enfant par Christine Deschamps

Civilisation : "État de développement économique, social, politique, culturel auquel sont parvenues certaines sociétés et qui est considéré comme un idéal à atteindre par les autres." Cela ne...

le 16 avr. 2021

11 j'aime

4