On the Run
7.2
On the Run

Film de Alfred Cheung (1988)

Yuen Biao, s'il y en a qui ne le connaissent pas, et c'est hélas probable, c'est le "petit frère" des "trois dragons", trio on ne peut plus célèbre dans le monde de la cabriole martiale, composé de deux autres personnages autrement plus renommés : Jackie Chan et Sammo Hung. Et il a beau être tout à la fois un artiste martial avéré, un cascadeur taré d'exception et un acteur enthousiaste, tout cela restera trop peu pour graver son nom de manière aussi indélébile que ses deux aînés. Et c'est con, parce que merde, il est bon.

J'adore vraiment ce mec (à noter que j'adore aussi les deux autres plus que de raison...), et quand on sait qu'en tant qu'ancienne doublure de Bruce Lee il a fait son maximum pour s'extirper de ce rôle prédestiné de clone dilué en développant tout un arsenal de mimiques et autres grimaces du meilleur effet dans des situations comiques à la chaîne, campant des séries de personnages jonglant entre le tendrement naïf et le complètement demeuré, on a peine à croire qu'il aurait tenu un rôle plus "sérieux" et sombre sur toute la longueur d'un métrage...

J'ai croisé le nom de "On the Run" en farfouillant dans des dvd, j'ai eu immédiatement envie de voir ce film en lisant le nom de son "héros" et j'ai enfourné la galette sans m'attendre vraiment à ce que j'allais y trouver. D'une certaine manière, on peut parler d'une petite claque. Une petite claque relativement surprenante certes, mais tout à fait savoureuse.

Pas de débilité en cascade ici, pas d'avalanche de cabrioles absurdes et autres défis physiques de fou furieux. Biao revêt la peau d'un flic tanné, lassé, crasseux, un looser pataugeant dans sa lie tout en regardant ce qu'il aime lui échapper. Il est projeté dans un contexte suintant à l'arrière goût hideux, immense marmite mijotant un concentré improbable d'intense pessimisme bestiale et de doux carpe diem sur fond de coulées de sang visqueux, de têtes explosées et de machettes sifflantes.
Attention hein, ce n'est pas un gros film d'action qui t'en met plein ta gueule en tatanant dans tous les sens, je le reprécise. Malgré sa relative brièveté, le film prend tranquillement son temps et installe ses ambiances poisseuses et ses touches d'amère poésie. Il sculpte quelques personnages perdus dans ce bordel en chute libre, duo mortel d'un flic déchiré et d'une tueuse glaciale, et joue subtilement avec les lois du manichéisme.

Un film à voir pour les fans de m'sieur Biao déjà, pour les fans de polars ensuite, pour les autres aussi qui ont des fois 1h25 à foutre en l'air. Dans tous les cas, le "petit frère" avait pris un charisme incroyable avec ces quelques années en plus et voir le trublion du Marin des Mers de Chine ou le gentil benêt de Dragons Forever propulsé ici dans cette mélasse dégueulasse, et tenir le coup haut la patte avec sa tronche buriné et son corps troué, ça fait vraiment plaisir.
zombiraptor
8
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le 14 juin 2014

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zombiraptor

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