Annoncé il y a deux ans, Once upon a time in… Hollywood est un projet ambitieux reliant l’american dream façon hollywoodienne et la folie de « La Famille » Manson. Malgré la personnalité un peu prétentieuse de Quentin Tarantino, le réalisateur, il faut reconnaître que celui-ci fait partie de ces très bons cinéastes dont la réputation n’est plus à faire ; ce film était donc attendu au tournant !


Attention cette critique comporte des spoilers…


Dans ce neuvième long-métrage, Quentin Tarantino signe une véritable lettre d’amour au cinéma d’il y a 50-60 ans. En effet, le réalisateur multiplie les références en matière de films et séries telles que Sur la piste du crime, Le Frelon Vert, Ranch L, Rosemary’s Baby ou encore Matt Helm règle son compte… il y en a pour tout les goûts ! Tarantino met plus particulièrement l’accent sur le western spaghetti -qui a permis au cinéma italien de connaître son apogée- et les séries B. Il intègre également dans son histoire des figures emblématiques de l’époque comme Steve McQueen, Sharon Tate, Roman Polanski, Bruce Lee ou encore Sam Wanamaker. On peut aussi noter la présence d’un drive-in theater (qui aujourd’hui se font de plus en plus rares) et relever que réalisateur insiste sur le fait que le cliché selon lequel le méchant se fait toujours vaincre à la fin des films était déjà bien encrer en 1969. Parallèlement à cet éloge envers le septième art, le réalisateur rend hommage de manière globale à la fin des années 60, tout d’abord grâce à la reconstitution visuelle du Hollywood de l’époque avec des décors, des accessoires et une direction artistique qui donnent littéralement envie d’y être (d’ailleurs, le gros budget du film est est peut être dû à ses décors réalistes, et non pas seulement à son casting cinq étoiles). Puis il y a bien sûr l’ambiance hyper festive qui est appuyée par une superbe bande originale composée de musiques anciennes mais cultes ; il y a de plus la mise en scène de personnages représentant des chanteurs phares de l’époque comme Michelle Philips ou Cass Elliot. Le dernier élément que l’on pourrait citer, c’est l’existence de véritables cadres typiques des années 60 tels que le succès de certains types de films, le mouvement hippie ect…


Le seul gros défaut de Once upon a time in… Hollywood, c’est son scénario et surtout les protagonistes qu’il présente. Leonardo DiCaprio est sans aucune surprise très convainquant mais son personnage, un acteur ivrogne en déclin, est terriblement cliché et il est difficile de s’attacher à quelque chose qui a un air de déjà-vu. Du coup, l’acteur se fait souvent voler la vedette par l’excellent Brad Pitt dont le protagoniste, à la fois mystérieux, paisible, brutal et sûr de lui, ne manque pas de charisme. Quoi qu’il en soit, Brad et Leonard forment un duo de choc qui fonctionne merveilleusement bien ! Néanmoins, peu importe l’attachement que le spectateur peut ressentir -ou non- envers leurs personnages, on ne peut pas dire que ces derniers soient hyper développés : on ne connaît presque rien sur l’histoire de Cliff et on le voit plus faire le taxi du personnage principal que doubler les scènes de celui-ci. Quant à Rick, on ne nous le présente qu’à travers sa carrière qui flanche et ses ruminations. Le pire reste Sharon Tate, qui est interprétée par Margot Robbie ! Il est en effet dommage d’avoir casté une jeune actrice aussi talentueuse pour au final ne pas du tout exploiter son protagoniste ; Robbie incarne en effet une jolie blonde sympathique mais un peu niaise qui passe son temps à danser et qui n’a presque pas de dialogues ! Sharon Tate est là uniquement pour nous induire en erreur par rapport à ce que l’on peut imaginer sur ce qui va se passer à la fin, en nous basant sur le tragique et célèbre fait réel. J’ajouterais que les différentes intrigues autour des personnages ont souvent du mal à s’entremêler : entre Rick qui se lamente lors de ses tournages, Cliff qui se bagarre et mène sa petite vie de solitaire et Sharon qui danse et va voir ses propres films au ciné, j’ai eu parfois l’impression de voir plusieurs courts-métrages à l’intérieur d’un même long-métrage. Il y a également un florilège de célèbres acteurs mais étant donné que les acteurs principaux ont eux-mêmes des rôles peu développés, il ne faut pas s’attendre à grand chose pour le cas des comédiens secondaires ; j’ai néanmoins apprécié les courtes apparitions de Dakota Fanning, Al Pacino et Bruce Dern.


Malgré ça, le film reste très bon et très intéressant à regarder. Il est en premier lieu subtil dans son ambiance, alternant moments plutôt sérieux et ironie. De l’ironie, il y en a certes pas mal, c'est même parfois très caricatural mais ce n’est jamais lourd ! Tandis que la plupart des films de Tarantino insistent sur la qualité des dialogues, Once upon a time in… Hollywood est surtout contemplatif : on admire la beauté des rues Californiennes, les personnages fumer, danser, marcher et même nourrir leurs animaux ; certains diront que c’est pour combler un vide scénaristique mais étant donné que Tarantino est un réalisateur qui sait à la fois filmer et mettre en scène, j’ai trouvé que ça avait une certaine utilité. J’ai de plus beaucoup adoré le fait qu’à la manière de son Inglorious Basterds il y a 10 ans, le réalisateur transforme totalement la réalité, même si la fin aurait pu être un peu plus originale si elle avait été moins vite expédiée et d’avantage sanglante et déjantée (avec toutes les polémiques qui naissent pour un rien aujourd’hui, peut être que ça aurait été mal perçu mais j’aurais adoré par exemple voir une Sharon Tate enceinte qui calcine elle-même cette dégénérée de Susan Atkins, je trouve que le message aurait été fort pour le coup). Enfin pour résumer ce que j’ai déjà dit, le long-métrage contentera les cinéphiles et les nostalgiques de par ses sujets variés en lien avec le septième art tels que la popularité de certains artistes avant leur déclin dans les années 70, la doublure qui agit dans l’ombre, l’accumulation des séries B ou encore l’exemplarité des westerns italiens.


Il est fort dommage que Quentin Tarantino envisage de mettre fin à sa carrière de réalisateur après son dixième long-métrage. En effet Once upon a time in… Hollywood, malgré quelques défauts d’écriture et de développement, est une véritable pépite qui encourage avec générosité les spectateurs à découvrir le cinéma des années 60, une ère qui a pas mal influencé les travaux de Tarantino.

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le 16 août 2019

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MovieBuff

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