Il est parfois bénéfique, pour un film méga attendu et anticipé comme nouvel objet pop, de laisser passer la hype. Comme il sera bénéfique de laisser passer le sentiment mitigé d'un festival qui se montre de moins en moins en phase avec son époque. Chacun sait depuis belle lurette que Cannes et le cinéma, dans son acception la plus généreuse, cela fait deux...
Once Upon a Time in... Hollywood est rassurant en ce qu'il est plus que jamais un film de Tarantino... Qui aurait fait comme un pas de côté. Et ne plaira de ce fait sans doute pas à tout le monde.
Il faudra aussi abandonner à l'entrée de la salle, pour pouvoir pleinement l'apprécier, tout ce que l'on présuppose du traitement de certains aspects du scénario de Quentin, qui semble prendre un malin plaisir à jouer avec nos attentes, à les retenir le plus possible, pour enfin en...
... En dire plus serait criminel. Mais seulement un petit conseil : pensez tout simplement aux implications du titre choisi par Tarantino et vous pourrez déjà avoir une petite idée de ce qui vous attend. Mais j'en ai déjà trop dit, peut être.
Ce que je peux en revanche vous dévoiler, c'est que l'ami Quentin livre, avec Once Upon a Time in... Hollywood, un film qui restitue à merveille l'ambiance et l'époque dans lesquelles il évolue, avec une certaine nonchalance mélancolique, baignée de ce qui pourrait apparaître comme des souvenirs ouatés et idéalisés semblant peu à peu contaminer la réalité. A ce titre, l'oeuvre est loin de n'être seulement qu'un point de vue sur le média cinéma, mais avant tout le constat de la fin d'une ère, de son innocence et de sa facilité. Tout comme les événements dépeints signent la fin du mouvement hippie et d'un certain optimisme.
Once Upon a Time in... Hollywood pourrait même être transposé à ce que nous vivons aujourd'hui, dans son constat de la dégradation de l'industrie cinéma au profit de la télévision et des séries qu'elle étale au kilomètre et des stars éphémères qu'elle consomme, tout en vampirisant le grand écran. Tarantino ne choisit pas le genre western par hasard, tant la période signe son déclin progressif, tant le metteur en scène y voue une admiration qui semble sans bornes. Et en profite pour illustrer la perte de vitesse de ce genre via la prestation d'un Leonardo DiCaprio toujours aussi formidable et à fleur de peau, et la présence d'un Brad Pitt toujours aussi félin. Tout en y insérant de la fiction dans la fiction, de manière brillante et maligne.
Once Upon a Time in... Hollywood est aussi une véritable déclaration d'amour à tous ceux qui font le cinéma, le créent et le nourrissent. a ces acteurs un peu has been, au bord du gouffre puis, la minute d'après, livrant la performance de leur vie. A ceux qui ont le luxe de pouvoir se glisser au cinéma incognito pour constater qu'ils apportent un peu de bonheur et de rire à leur public.
Cet oeil bienveillant, Quentin Tarantino le réserve aussi à une industrie d'un autre temps ménageant de nécessaires espaces d'imaginaire et de rêve permettant de faire face à une réalité parfois difficile à supporter.
Achevant de faire de Once Upon a Time in... Hollywood
un conte merveilleux,
un grand cri d'amour à quelque chose qui, finalement, n'a jamais totalement existé, à une histoire malaxée, comme avait pu l'être la Seconde Guerre Mondiale de Inglourious Basterds. Mais, toujours aussi fort, aussi investi, aussi amoureux du cinéma, Tarantino livre un film hors du temps, une errance désenchantée avec, au bout du tunnel, une lueur d'espoir en forme
de douce uchronie.
Comme si l'horreur n'était jamais arrivée.
Un doux rêve
que Quentin Tarantino nous invite à partager.
Behind_the_Mask, qui comprend enfin ce qu'est le cinéma...