Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino est un putain de bon film d'ambiance. C'est un monde fantasmé, un rêve, un processus de cristallisation et de fétichisation en pleine œuvre, capté par l'œil de la caméra, où l'identité du cinéaste paraît diffractée, infusée dans différentes entités. Le travail sur la lumière est incroyable et participe de cette atmosphère onirique, de ce défilement insolite du temps et de cette contemplation émerveillée d'une époque. Quentin Tarantino retranscrit tellement bien cette atmosphère du Hollywood des années 60/70 et nous propose en plus de passer derrière la caméra pour nous montrer l'envers du décors, avec ses gloires, ses vices et ses turpitudes.
C'est donc à travers trois personnages qui travaillent dans l'industrie du cinéma, que Quentin Tarantino porte son regard sur le Hollywood des années 60. Rick Dalton (Leonardo DiCaprio) c'est l'acteur qui porte un regard lucide sur sa carrière. C'est un acteur en déclin qui exprime ses doutes. Sharon Tate (Margot Robbie) c'est l'actrice montante. Elle est plus naïve, mais sa joie de vivre est tellement communicative. Et pour finir, nous avons Cliff Booth (Brad Pitt) qui est le personnage le plus terre à terre des trois. C'est le cascadeur qui côtoie le ciel (la scène sur le toit pour réparer l'antenne TV), mais qui ne tombe jamais. Se rajoutent à tout ça, les dialogues et les "performances" incroyables du duo Leonardo DiCaprio et Brad Pitt.
La longue scène du tournage d'un western avec Leonardo DiCaprio et Timothy Oliphant est un pur régal, tout comme la scène suivante lorsque Léonardo pète les plombs dans sa caravane. A la fin de cette scène, il regarde le miroir, filmé de telle sorte qu'on puisse le voir droit dans les yeux ... quelle performance d'acteur ! Julia Butters, qui joue la gamine Trudi Fraser, est également hyper touchante. C'est un clin d'œil à la jeune Jodie Foster de l'époque qui est devenue la grande actrice qu'on connaît. Mais tout le film est vraiment rempli de scènes géniales, comme seul sait les faire Quentin Tarantino, les deux scènes avec la gamine, la baston avec Bruce Lee, Leonardo DiCaprio et Brad Pitt au volant d’une Cadillac beige rutilante, Brad Pitt qui traine sa cool attitude à longueur de film, le tournage du western, quand Leonardo pète les plombs dans sa caravane, la longue scène dans le ranch ...
A mes yeux, Once Upon a Time... in Hollywood n'a aucun défaut ... je dis bien "à mes yeux" ! J'ai cependant une critique à lui faire, à savoir qu'il perd énormément de son impact si on ne connaît pas la réelle histoire de Sharon Tate. Si on ne connait pas tout le contexte autour de la "famille" Manson et de Sharon Tate, on pourrait facilement croire que Margot Robbie ne sert à rien dans ce film. Mais quand on connait le destin funeste de Sharon Tate, on comprend pourquoi on insiste autant sur son personnage, alors qu'elle n'a pourtant pas ou peu d'impact sur les aventures du duo Rick Dalton et Cliff Booth. Il est vraiment important de se renseigner sur tout le contexte du film avant de le voir. La tension qui monte crescendo est uniquement possible si on connait le contexte ... sinon, on passe totalement à côté du film. Ce n'est qu'à cette condition, que cette scène finale prend tout son sens ... et de mon point de vue, elle est tellement jouissive !
Once Upon a Time... in Hollywood ressemble en de nombreux point aux précédents films de Quentin Tarantino. Comme dans Les 8 Salopards, Il nous prend par la main pour nous emmener vers le dénouement final, en faisant monter une certaine tension. Dans Les 8 Salopards, on se demande qui va dégainer le premier, tandis que dans Once Upon a Time... in Hollywood, on se demande quand les disciples de Charles Manson vont-ils frapper ? Quand Brad Pitt va dans le ranch de la "famille" Manson, on se demande s'il va en ressortir vivant. Et comme dans Inglourious Basterds, le côté révisionnisme de Tarantino est absolument jouissif. C'est un bel hommage à Sharon Tate et une belle façon de la "venger".
Pour apprécier Once Upon a Time... in Hollywood à sa juste valeur, il faut donc connaître le Hollywood des années 60/70, les Beach Boys, The Mamas and the Papas (California Dreamin'), Roman Polanski et Sharon Tate, les hippies et la "famille" Manson. C'est une véritable déclaration d'amour au cinéma de cette période, mais aussi un formidable écrin pour des acteurs tous au meilleur de leur forme ! Quentin Tarantino maîtrise toujours autant son art et se renouvelle ici de manière assez magistrale ! Il y a tant à dire sur ce film, un bel hommage à Hollywood évidemment et encore un grand moment de fétichisme des pieds.