Quand tu connais la tumultueuse vie de Roman Polanski…
Quand tu connais la tragique histoire de Sharon Tate…
Quand tu connais le criminel profil de Charles Manson…
Quand tu connais Tarantino…
Et qu’après avoir vu son dernier film, sans aucune idée préalable sur son scénario…
Tu te rends compte que tu ne connaissais pas vraiment Quentin…
Quentin le gamin, passionné de vieux Westerns qui ont bercé nos enfances…ces scènes interminables de duels, ces déclics de gâchettes après de longs silences, ces séquences musicales ponctuant les trots de chevaux, les pas de bottes des cowboys, et les tirs entre les ‘Bons’ et les ‘Méchants’…Des westerns, mêlant la réalité et la fiction, surfant sur des mythes que seule l’Amérique est capable de façonner, ces Bonnie and Clyde, ces Butch Cassidy, ces ‘Wanted dead or alive'…
Quentin le génie de la réalisation, filmant ces longues séquences sans dialogue, mais où l’acteur est roi, la musique d’époque est reine, la voiture vintage est majestueuse, le cuir authentique est souverain…
Quentin l’imaginatif, qui a réussi de manière aussi inattendue que subtile, à arracher le trio Roman-Sharon-Charles de sa rubrique de faits divers réels pour en reconstituer un nouveau puzzle composé d’inconnus, de personnages invisibles pour le commun des mortels mais tellement familiers: acteurs sortant des coulisses de ce cinéma hollywoodien, et rebelles émergeant de cette communauté hippie tellement caractéristique de l’époque…
Quentin le funambule, contournant les nombreux pièges qui se profilaient derrière ce fait divers: raconter le drame personnel de ce poids lourd du cinéma mais qui se trouve aussi interdit d’entrée aux U.S.A pour agression sexuelle, traînant d’autres accusations un peu partout…centrer le scénario sur ce gourou criminel qui a tant fasciné les américains et rempli des pages et des pages de presse nationale et internationale, critiquer de manière hautaine et sèche les westerns spaghetti qui ont signé l’arrêt de mort des vrais et authentiques westerns… Rien de tout cela…
Quentin l’égoïste, nous plongeant dans une oeuvre dont la longueur est là pour assouvir toutes ses passions, toute son imagination débordante, tout son sens esthétique et toute son envie de suspendre le temps, le figer dans ces sixties…
Enfin, Quentin le ‘counterfactual thinker’…qui aurait dû appeler son film « What if ? ».