Début 1964, Cassius Clay, qui n'est pas encore devenu Mohamed Ali, invite trois de ses amis, l'activiste Malcolm X, le joueur de football américain Jim Brown et le chanteur de soul Sam Cooke à fêter son titre de champion du monde des poids lourds dans sa chambre d'hôtel en Floride, eu égard aux lois raciales encore en vigueur à cette époque. Ils vont parler de leurs conditions sociales, du manque d'égalité des noirs qui souffrent encore de la ségrégation et de leurs carrières respectives.
One night in Miami n'a pas eu de chance, car il a été victime de la pandémie de 2020, et il aura fallu l'intervention de Amazon Prime pour qu'il ait une visibilité, avec des nominations et prix à la clef. C'est aussi le premier film réalisé par l'actrice Regina King, récompensée aux Oscars pour Si Beale Street pouvait parler, et même si elle ne joue pas dans le film, on la sent elle aussi concernée par le sujet, celui d'une Amérique encore divisée sur la question de races, et je dois dire que malgré le dispositif, qui fait penser à une pièce de théatre et pour cause, j'ai été captivé.
Bien que la rencontre entre les quatre hommes était imaginaire, c'est toute une partie d'un pays qu'on ne veut pas encore écouter, qui rêve de la disparition du Green Book, et que l'égalité soit pour tous, le tout avec des joutes verbales passionnantes. Si je connais bien entendu Mohamed Ali ainsi que Malcolm X, sans oublier Jim Brown qui s'est reconverti comme acteur après sa carrière de sportif, j'ai été touché par le parcours de Sam Cooke, ce chanteur qui va boucher de la vache enragée durant des années à performer devant un public blanc qui semble désintéressé, et dont le dernier plan semble être une prescience de ce qui va lui arriver, car il mourra assassiné en 1964. D'ailleurs, je regrette peut-être ce point appuyé où on sent la destinée de chacun d'entre eux, sauf pour Jim Brown, la seule personne qui soit encore en vie à l'heure actuelle.
C'est porté par des acteurs irréprochables (surtout Leslie Odom Jr. en tant que Sam Cooke), où on croise aussi Michael Imperiori et Lance Reddick en tant que garde du corps de Malcolm X, et on a là un premier film réussi, porté par une foi en son sujet, et dont la sortie sur Amazon a semble-t-il atténué sa visibilité, car il est désormais passé à l'as, semble-t-il...