En 2020, Netflix diffuse le premier spectacle de l'Américaine Taylor Tomlinson. Un show fin et hilarant propulsant la jeune humoriste et son humour original sous les feux des projecteurs.
La France est en plein confinement. C'est la hess. Les gens sont cloitrés chez eux, les artistes font partie des gens donc ils sont aussi chez eux. Tout le monde s'emmerde ou presque.
France Inter tient ses émissions quotidiennes à distance. Les chroniqueurs hebdomadaires se filment depuis leur chambre. Les sketchs relatant la folie qui les étreint se succèdent. Constance y dévoile ses crises maniaco-dépressives dont l'humour ravageur, sauvage, revêt avec le recul un vernis d'amertume (pensées pour elle).
De l'autre côté du tableau, à la réouverture des salles, Netflix France décide de lancer une sorte de pot-pourri. Tous les spectateurs ne sont pas Parisiens après tout, ils n'ont pas la chance, que dis-je l'insigne honneur de retrouver leurs humoristes gonflés à bloc, forcément remplis de l'inspiration permise par cet intermède forcé. Le service de streaming rassemble une palanquée de têtes connues et les suit aux quatre coins de Paris devant un public masqué avant d'assembler cet étrange patchwork et le soumettre à vos yeux ébahis de Provinciaux affamés.
Résultat : un sketch par humoriste avec pour thème unique le Covid et ses dérivés (le confinement, l'enfermement, la pandémie au sens large), le tout lié par d'autres scénettes censées constituer un fil rouge.
Et c'est à chier partout. Le fil rouge d'abord qui enfile les reustas comme des caméos fan service sans aucune utilité — ni humour — pousse jusqu'à la caricature des personnalités qui n'en avaient pas besoin (mention spéciale à Kev Adams dont on n'attendait rien et qui déçoit quand même).
Quant aux sketchs eux-mêmes, ils ne parviennent à aucun moment à tirer le moindre sourire, le cynisme révélé par Djimo ("Quand j'ai vu le salaire proposé pour participer...") donne le vertige et leur manque d'originalité garantit le naufrage final (tous les sketchs répètent les mêmes univers, les mêmes intros, les mêmes blagues pas drôles).
Non seulement on s'emmerde comme rarement devant des blagues, y compris en regardant certains humoristes par ailleurs parfois très bons et pertinents (mais ailleurs donc), mais le ridicule pousse jusqu'à la gêne et il est véritablement pénible de regarder cette petite heure sans s'interrompre à plusieurs reprises, juste pour respirer, retrouver un semblant de stabilité émotionnelle et intellectuelle.
Si je mets 2 et pas 1 à ce "projet", c'est 1/ à cause de son titre. En tant que quasi-pionnier du net, cette référence est follement amusante et osée et 2/ parce qu'au milieu de cette heure indigne et indigeste, se love un petit bonbon de bonheur de show en la participation de Pierre-Emmanuel Barré, surprenante, seul artiste de la bande capable d'apporter un regard différent de tout le bousin.