Encore une fois, la hype m’a eu. Avant de déverser mon opinion sur la dernière œuvre cinématographique en date de notre camarade pirate, petit background sur ma connaissance de One Piece : j’ai regardé l’anime jusqu’a la moitié environ, mais je ne suis pas un gros amateur. Je suis cependant un grand fan de l’animation japonaise, et j’espère donc à travers cette critique éviter les travers de l’investissement émotionnel (aka fanservice) que peut engendrer une énorme série à succès japonaise, pour juger le film en ce qu’il m’a été vendu : un film à gros budget… Et je constate que pour ce point particulier, il est totalement à côté de la plaque.
One Piece RED n’est pas un BON film d’animation.
One Piece RED est un épisode hors séries de deux heures, a la réalisation franchement décevante pour un studio de cet acabit, qui essai de verser dans le larmoyant et le « forcing sentimental », à un tel point que cela en devient ridicule.
Débutons par le commencement, avec le premier point qui me fâche, tellement le potentiel est là, mais terriblement mal exploité : le scénario. Pour faire court, Luffy et son équipage débarquent sur l’ile d’Elegia pour assister à la star montante du moment, Uta ( interprété par Ado dans les instants de chant, idole du moment chez nos amis nippons ). Uta souhaitant changer la société via le pouvoir de la musique, afin d’en faire un lieu où « tout le monde est beau, tout le monde est gentil ». Uta se révèle être une proche d’enfance de Luffy, et la fille de Shanks, également figure paternelle de Luffy.
C’est tellement mauvais. Dans ma grande naïveté, je n’avais pas vu venir le coup de « Uta c’est en fait la méchante », et j’aurais apprécié que cela ne soit pas le cas. J’aurais aimé que Uta soit une femme forte dans le film, qui se bat aux côtés de nos camarades contre un antagoniste, plutôt que de vouloir lui créer un background ultra sombre, qui respire bon la page d’un ado de 14 ans torturé car « on vit dans une société ».
Mais non, les équipes de scénaristes, croyant probablement exécuter quelque chose d’absolument original, nous ont pondu une intrigue comme quoi Uta c’est la méchante qui essai en fait de rendre tout le monde heureux, quitte à invoquer un foutu démon interdimensionnel, avec une histoire ne se clôturant par ni plus ni moins qu’un suicide d’Uta pour « sauver tout le public ». Parce qu’effectivement, la méthode initiale qui est d’aspirer l’âme des gens dans un monde artificiel où l’on passe son temps à chanter, danser, et vivre dans l’insouciance la plus totale, abandonnant le monde réel contre leur gré, n’est pas l’idée du siècle.
Je vous passerais tous les détails et sous intrigues du récit que l’on voit venir à des kilomètres, à coup de « non-dit » et de « mais j’ai fait ça en fait pour ton bien ». Sans parler des raccourcis scénaristiques qui achèvent le peu de crédibilité subsistant à l’histoire, pour amener à la scène finale du film où tout le monde pleure, musique, au revoir.
En parlant de musique, j’aime la J-Pop, et force est de constater que certaines musiques de l’artiste Ado sont très plaisantes. Mais à partir du moment la musique n’est plus là pour appuyer des instants clés du scénario, mais que c’est l’histoire qui au contraire, se tord tant bien que mal, afin de pouvoir essayer de placer un maximum de pistes musicales, il devient difficile de ne pas considérer RED comme un film promotionnel gavé de fanservice, avec une chanteuse connue en tête d’affiche pour attirer le larron.
Ensuite, concernant la réalisation. Alors sincèrement, j’ai été très hypé au début du film, surtout avec le début du concert de Uta qui file la pêche.
Enfin, jusqu’à ce que je me retrouve sidéré sur mon siège par.... la présence d’un modèle 3D de Uta, animé façon Miku Miku Dance qui contraste TOTALEMENT avec le reste de l’animation. Pour ce qui est de me sortir totalement de l’euphorie du début du film, on n’a pas fait mieux. Et franchement, on parle de One Piece RED, produit par la Toei Animation, dans un film à gros budget. C’est vraiment cheap de venir coller un modèle 3D pour faire des économies sur l’animation. Surtout que le personnage de Uta fourmille de détails cosmétiques, qui sont extrêmement grossiers et mal rendu sur le modèle 3D. Bref, déçu de la Toei sur le coup. Pour le reste du film, on oscille entre « équivalents à la série en plus fin », mais je m’attendais à tellement mieux qu’il est difficile de ne pas être dépité.
Ce One Piece RED est une production marketing. Habituellement, je ne dirais rien, car des films fanservices, y en à plein, sauf qu’il m’a été vendu, via les trailers, comme une réalisation majeure de l’animation japonaise, hors c’est loin d’être le cas.
La Toei Animation est connue pour la caractéristique visuelle de ces films, au détriment de l’intensité scénaristique et de la recherche d’intérêt. Cependant je pense qu’il serait vraiment temps que la Toei apprenne à faire la part des choses entre l’investissement émotionnel que mettent leurs fans dans leurs œuvres, et les véritables qualités intrinsèques pour faire un bon film d’animation. Certes, ce n’est pas aisé lorsque l’on porte le poids de séries aussi importantes derrière, que DBZ ou One Piece, mais c’est dommage de se cantonner à juste du beau sans profondeur.
Car cela limite la portée d'oeuvres majeurs, comme One Piece et DBZ, à du film d'animation avec "juste de la bagarre" pour des adolescents... ce qui est en soit ironique, lorsque l'on sait que ces deux séries cités ont probablement bercé la jeunesse de bons nombres d'adultes aujourd'hui.