Le plan de Winding Refn est simple: absoudre la violence de tous ses plans de départ et ne montrer que les après-coups ensuite, puis faire enfler creshendo cette violence dans un langoureux montage pour pénétrer dans les entrailles douloureuses de la vengeance, le tout en fondu sur un Bangkok plus filmé in vivo qu'autrement.
Clip hypnotique aux faux-airs de Kill Bill, Only God Forgives m'a déçu sur de nombreux points. Ce n'est pas tant qu'il est mauvais, c'est plutôt qu'il était trop attendu, et doublement surestimé par une bande-annonce survendeuse à l'esprit néo-psychédélique. Et si l'on fait l'incontournable comparaison avec Drive, du même réalisateur, OGF est tout de suite beaucoup moins lumineux. En cause l'inertie permanente des personnages, nonobstant celui de Kristin Scott Thomas - divine - , la lenteur du montage et la noirceur totale du rendu. J'avais évoqué il y a de ça 3 critiques la remarquable prestation de Ryan Gosling dans The Place Beyond The Pines. Ici même ses sourcils ont arrêté de jouer. Immobile, il se laisse filmer avec pour seul intérêt celui de montrer sa belle gueule pour bien vendre le film.
Après, je ne veux pas blâmer cette oeuvre soit-disant ratée, ni au contraire me faire l'avocat du diable, mais si l'on s'en tient à la symbolique générale, tout est bon: les plans figés sur les mains et sur les personnages féminins, l'alternance entre point de vue interne/externe, l'aquarelle rouge sang plâtrée d'orange qui embaume les personnages, la symétrie parfaite dans le cadrage très strict d'une caméra impériale, font de la photographie et de la technique les atouts évidents d'un film qui pourtant se consume à petit feu sans qu'il se passe grand chose au final...
Bref, la symbolique m'a plu, l'esthétique m'a captivé, mais le rythme et les protagonistes m'ont perdu. Allez on oublie tout, il ne s'est rien passé depuis Drive, le chef d'oeuvre absolu du cinéaste.