Avec Only God Forgives, il ne faut évidemment pas s'attendre à une resucée de Drive ou à un film dans la même veine. Winding Refn à son univers qui lui est propre, toujours très poseur, propre et violent. Nombreux seront donc les gens qui courront dans les salles sous prétexte que c'est le même réalisateur que Drive et qui se retrouveront devant un film complètement à l'opposé du précédent, mais qui correspond bien à l'univers de son réalisateur.
N'ayant pas eu l'occasion de voir Valhalla Rising, j'ai quand même en tête Bronson et sa volonté à toujours parler d'homme, de héros, de quelque manière que ce soit. Ici il continue sur sa lancée, reprenant au passage Ryan Gosling pour en faire de nouveau un héros mutique, inexpressif. Un héros désincarné car c'est Kristin Scott Thomas qui sera finalement l'élément central, cette mère castratrice, aux allures de cougar défraîchie, ayant tout les tics de gestes de la pétasse mal léchée. Une mère qui cherche à venger son fils, et grand frère de Gosling, après qu'il ai violé et massacré une jeune prostituée. Une mère qui ne voit donc ici que l'image de son premier fils, homme parfait, fort, viril et qui à droit à toutes les excuses. La relation décrite est telle qu'elle en devient presque incestueuse. De l'autre côté, une sorte de flic qui lui, cherche à venger ses jeunes prostituées à coups de sabre, remontant peu à peu la piste dans un grand silence mais qui s'acharnera à toujours faire plus souffrir ses victimes.
Autour de tout cela, le vide. Car malgré ses personnages atypiques, franchement insupportables et en marge de la société, on se retrouve devant un film totalement dénué de sens et d'enjeux. De sens car le réalisateur n'a ici aucune ambition d'adresser un quelconque message, se laissant aller à la simplicité et se basant sur une simple idée de mise en scène. Visuellement au premier abord, le film est irréprochable de part son esthétisme, ses couleurs, mais il se révèle très vite vain car Winding Refn n'a d'idée que de jouer sur la lumière et les perspectives, le tout très lentement, posément, pensant réussir à instaurer une notion d'horreur, d’oppression.
Jamais la caméra ne s'envolera, jamais il n'aura idée de proposer un tant soi peu d'originalité dans sa réalisation, préférant paresseusement faire des travellings en avant et terminer ses séquences par un fondu.
La platitude de son scénario étant, on constatera que sa direction d'acteurs/trices n'est pas plus riche tant les différents protagonistes sont mornes, sans vie, d'une expressivité inexistante et donc, inintéressants. Comment s'intéresser à un héros qui ne ressent rien, qui ne dit rien, qui n'arrive même pas à faire face physiquement aux autres ? Kristin Scott Thomas étant la pire du lot, celle-ci possédant le plus de caractère, mais étant insupportable de par sa vulgarité et son attitude ridicule.
Nicolas Winding Refn n'a aucune volonté de divertir son public. Il préfère l'émoustiller, lui montrer qu'il est capable de prouesses, que c'est un futur grand. En gros, il à pris le melon car ce nouveau long n'est qu'une parodie de son propre style, celui-ci se pavanant dans un esthétisme inutile et une violence exacerbée. Présentant ses personnages inhumains dans un décor irréel, il nous ennuie dès les premières secondes sans jamais, ou presque, réussir à nous émouvoir. Au contraire, son scénario continue toujours plus haut, toujours plus fort dans la violence et l'inhumain au point d'en devenir caricatural et dégoutant. Essayant tout le long d'instaurer une ambiance malsaine, proche du film d'horreur (Kubrick est clairement dans ses inspirations), Refn se loupe complètement, tombant dans la prétention visuelle et idéologique.