Sifflé à la séance de 8h30 du trop conventionnel Festival de Cannes, je ne pouvais douter de la bonne suprise qu'allait me réserver ce fameux Only God Forgives.
Car oui, seul Dieu pardonne. Trouvant écho en la figure du puissant flic incarné par Vithaya Pransringarm - ô combien charismatique soit dit en passant -, Dieu peut être bon, mais aussi effroyable.
Il y a beaucoup à dire sur ce film, dont tout le monde attendait trop, après un Drive plus qu'acclamé. Only God Forgives étonne, déroute, et nous invite à nous perdre dans les limbes de la quête sprituelle menée par Julian (Ryan Gosling). En quête de croyances, détaché du monde et des choses, envahi par la violence, Julian est un incrédule, une coquille vide, qui cherche simplement en une élévation sprituelle un sens à sa vie.
Si le film peut soulever certaines questions à propos de la religion (cf. la scène de crucifixion; l'opposition entre le Dieu des chrétiens d'aujourd'hui, figure de pardon, et le Dieu fataliste des origines, qui peut trouver un équivalent dans le bouddhisme, etc.), un des autres thèmes majeurs qui peut être retenu est celui de la relation mère - fils, atteignant son paroxysme lorsque Julian finit par éventrer une mère déjà morte, pour ensuite plonger ses mains dans les entrailles de celle-ci. Étouffé par une mère trop présente, puissante, séduisante, dominatrice, qui occupe le centre de sa vie. Julian a tué son père, voudrait tuer son frère, les amants, lui-même, pour enfin s'élever seul.
Le film reste d'autant plus intéressant qu'il nous plonge dans un Bangkok nocturne proche du rêve et du mystère, de l'errance, comme peuvent l'illustrer certains quartiers perdus de la capitale thailandaise, où tout se cherche. L'occidental reste un étranger, submergé et étouffé par un environnement qu'il ne maîtrise pas, un entendement qui le dépasse, à chaque instant.
Only God Forgives étonne, fait réfléchir, et soulève beaucoup de questions, qui donnent au film une complexité jouissive, sans être maladroite. Sans compter la qualité visuelle et sonore du film, qui nous plonge directement dans un univers tout à fait particulier et complètement fantasmé, à mi-chemin entre le paradis et l'enfer.
Il n'y a rien à attendre de ce film. Il suffit de se laisser porter, impresisonner, diriger, dans une oeuvre expérimentale, qui risque bien de confirmer l'envie de Widing Refn de progresser dans cette voie.
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