Et voilà. C'est fait. J'attendais ça depuis si longtemps ; une expérience au cinéma. La dernière remontait à une visionnage sur mon écran de tv. Le cinoche est devenu un luxe pour moults raisons - et soit dit en passant vous vous en foutez - et j'avoue avoir lamentablement, souvent, assuré le coup lors de mes sorties à 10 euros (et dire que j'ai connu la place à 10 francs avec ma carte étudiant ...). Du blockbuster, du lourd, du fun mais, le plus souvent, zéro risque. Ok, ça a pu foirer et on le sentait même venir : voir le Die Hard 5 mais comme j'étais avec mon compère de cinoche attitré, ce n'était pas grave.
Je ne vais pas me lancer dans une critique détaillée de cet "OCNI" comme l'a si justement titré Confucius ici :
http://www.senscritique.com/film/Only_God_Forgives/critique/19611269
En fait, je voudrais plutôt me demander à quoi sert le cinoche. Au-delà des genres allant de l'épouvante à l'humour en passant par le porno, on voit bien à quoi on s'attend : frissons, rires et mouchoir kleenex pour éviter d'ne mettre partout. Laissons donc le genre de côté.
Si l'on cherche une histoire, ce film est une purge. Le scénario est réduit à sa portion congrue, se contentant de nous embraquer dans une énième histoire de vengeance.
Si l'on cherche une réflexion sur notre monde, une critique d'un fait de société, on en est aussi pour nos frais.
Mais un film c'est aussi des images : celles-ci sont superbes. La photo est tout simplement admirable. Une ode à l'esthétisme pur.
Mais un film c'est aussi une bande-son. Ici aucune faute de goût, un envoûtement de chaque instant : Cliff Martinez a livré une copie géniale.
Mais un film ce sont aussi des acteurs : Kristin Scott Thomas est excellente de caricature, un vrai concept sans finesse, Vithaya Pansringarm est magnétique. Il est dieu.
J'ai lu beaucoup de chose, depuis hier. Le rejet suscité par le film peut se comprendre. L'affiche utilise clairement Gosling comme un attrape mouche au même titre que l'association Gosling + Nicolas Winding Refn = Drive permet de mener beaucoup de monde dans les salles obscures. Perso j'ai été attiré d'abord par l'idée de voir au cinoche le cinéaste de Walhalla Rising et de Drive ; l'effet Gosling n'est arrivé qu'en second. On attend du Drive 2, forcément, on est déçu. On se retrouve avec un film montrant les bas-fond de Bangkok, alors forcément on tient un film raciste. On a une violence esthétique, alors forcément on est devant une oeuvre complaisante. C'est lent, c'est chiant. On ne comprend rien, c'est un film prétentieux que seuls les bobos voulant soigner leur culture de soirée mondaine vont pouvoir apprécié. Ou alors faut être fan de Gosling qui ne sait rien faire d'autre que de se taire et d'être quasi figé. Oui, je peux entendre tout ça.
Pourtant, j'ai mis 8. J'ai passé un très bon moment. Ce n'était pas un film mais une expérience cinématographique. Je crois qu'il n'y à rien à comprendre, donc tout à comprendre. Nous somme un peu devant un tableau de Kandinsky ou de Dali : on se prend ça en pleine gueule et à chacun de construire son histoire, de voir ce qu'on veut y voir. Complexe d'Oedipe, castration de la mère, fétichisme des mains, phobie du labyrinthe, chacun trouvera sa réponse.
Une oeuvre fondamentalement intéressante car clivante. Pour une fois, on ne va pas chercher le spectateur : Nicolas Winding Refn est dans son trip, à nous de le suivre ou non. Je pense qu'il s'en fout totalement.
Que ça fait de bien de sortir des sentiers battus. Vive le cinoche. Vive le Danemark et la France de financer ce genre d'oeuvre qui à se planter face aux spectateurs. Au moins, ceux qui auront été au ciné, auront vu autre chose. Quitte à faire les choses, autant y aller à fond.
En guise de conclusion, le film a a été précédé des fameuses bande-annonces. Parmi celles-ci, deux méritent un petit mot : World War Z : antithèse de Only God Forgives. On a faire du Zombie mais pour grand public, alors on a sorti Brad Pitt et on va faire un remake à la 2012 et on va tout péter. les Zombies, c'est clean. Il est terrible de penser que je déteste déjà ce film. Mais je le verrai, car j'aime juger sur pièce. Second film, The Iceman : je l'annonce par avance, très fort potentiel pour être dans mon top 3 2013.
Et quid du Nicolas Winding Refn allez vous me dire ? Lui, il est ailleurs.