Bienvenue dans l'univers de Nicolas Winding Refn. Accrochez vous, parce que c'est tout de même assez spécial. Très spécial, même. Pour la troisième fois, le réalisateur explore le mutisme. Ce qu'il veut, c'est en dire le moins possible avec les personnage pour faire parler les images. Pour le coup, visuellement, c'est très expressif : à la fois très joli et très dérangeant.
Autant le dire tout de suite : ce film n'est pas un chef d'oeuvre. Ce n'est ni un film destiné au grand public, ni un film destiné à une prétendue "élite", ni même à des mordus de cinéma. C'est simplement un film de NWR, et, comme tout les films de NWR, il divisera fortement l'opinion. Moi je l'ai aimé, mais j'ai quand même vu beaucoup de choses qui risquent de déplaire à pas mal de monde : une esthétique bicolore, une ambiance pesante, une musique qui n'arrange pas ce côté, des personnages quasi-muets, une violence extrême mais pas d'action... bref, en faire une liste complète serait bien trop long. En fait, le tout, c'est d'être dans le bain, et une fois qu'on y est, on ne voit plus que le bon côté de ces défauts potentiels. Mais pour se mettre dans le bain, houlà ben faut s'accrocher.
Au début on se dit que ça va être impossible à comprendre, mais non, l'histoire est toute bête : un meurtre, puis une chaîne de vengeance sans fin, dans laquelle est impliqué notre héros qu'incarne Ryan Gosling. Alors oui c'est Ryan Gosling, et j'ai bien cru qu'il allait avoir le même rôle que dans Drive. Rassurez-vous ce n'est pas le cas
Après ce qui est marrant dans les films de Refn, c'est la symbolique des choses. Parce qu'on sait que le réal est complètement fou, et qu'il va donner une signification précise à chaque plan, chaque scène, chaque image. Parfois ça aide à comprendre la psychologie des personnages, ceux-ci étant peu loquaces. Mais j'avoue qu'assez souvent j'ai du mal à interpréter cette symbolique. Déjà, la base du film est un peu bizarre, puisque Refn a eu l'idée d'un homme se battant contre Dieu. Si on ne le sait pas, on a du mal à le deviner, du coup les trois quart des machins symboliques passent à la trappe. On ne se rend pas compte, par exemple, que Dieu est symbolisé par ce policier qui se donne des airs ... divins. Je ne vais pas développer ce côté là, internet a pondu de nombreuses analyses détaillées et je ne suis pas vraiment en mesure d'en parler.
Esthétiquement, le film joue souvent avec un nombre réduit de couleurs, celles-ci étant saturées au maximum. Personnellement j'ai beaucoup aimé ce côté là. L'action est lente et la photographie parfaite, l'ambiance est vraiment bien foutue. Il y a aussi une scène que j'ai trouvé superbe, c'est celle du combat entre Julian et le flic, très très bien mise en scène, on ressent bien la violence de chaque coup, bien que ce ne soit pas filmé de près.
Pour finir, je vais comparer ça à Drive, parce que ça peut donner une idée. C'est mieux réalisé dans l'ensemble, mais c'est plus dur de rentrer dedans, et les personnages sont plus creux. La symbolique prend une place beaucoup plus importante ce qui pourra rebuter pas mal de personnes. Mais c'est quand même moins étrange que Valhalla Rising.
Only God Forgives fait partie de ces films qui ne donnent pas de réponse claire, et qui laissent le spectateur se faire sa propre interprétation des choses.