Winding Refn et Gosling à Bangkok : Very Bad Trip

Je suis énervé, très énervé. Car "Only God Forgives" est un condensé complexe de tout ce qui me répugne dans le cinéma.

Je ne sais pas par où commencer tant il y a de choses franchement révoltantes et accablantes. Je ne vois pas comment on peut prendre du plaisir à regarder ce genre de film aux personnages et au message franchement douteux, limite dangereux.

Certains crient au génie en parlant de ce film... Face au masterpiece ce film n'en est que l'emballage, rien de plus.

1h30 de branlette intellectuelle, de complaisance nombriliste à vouloir filmer le plan parfait à chaque changement de cadre. J'ai la désagréable sensation que le réalisateur a passé plus de temps à chercher l'angle, la lumière parfaite plutôt que de se concentrer sur l'essentiel, ce qui rend un film meilleur qu'un autre: le SCÉNARIO.

Ce dernier est tout simplement inexistant : l'intrigue est particulièrement gênante car elle repose sur une histoire de vengeance pas franchement inspirée... et donc tout sauf inspirante. L'intégralité du film repose sur la dualité qui s'installe entre Ryan Gosling et sa famille qui s'oppose à un flic ripou fan d'arme blanche (il maitrise le sabre comme personne et aime s'entraîner tout seul dans la forêt en même temps qu'il fait son jogging) et expie ses pêchés (oui, car du coup, il tue beaucoup, vraiment beaucoup de monde, et son pêché mignon est qu'il aime trancher la jugulaire...) bref, il expie ses pêchés... wait for it... j'espère que vous êtes attentifs car moi je m'en suis toujours pas remis... attention ça arrive... DANS LE KARAOKÉ (...what the?!?...).

Pourquoi cette dualité me direz-vous ? Ah oui, parce que le frère de Ryan Gosling a été tué avec la complicité du flic ripou parce que, eh bah, le film il commence en nous montrant ce fameux frère qui veut tabasser de la prostituée. Et après s'être bien défoulé en tabassant tout le monde dans un premier bordel, eh bah le frère, pas con le frère, il se dit : tiens et si j'allais me faire une gamine de 14 ans ? Gamine qu'il finit par tuer... et qu'il aura certainement bien pris la peine de violer auparavant... Mais je l'ignore pourquoi, Nicolas n'a pas voulu mettre en scène ce détail pourtant primordial, crucial, détail qui aurait pourtant pu être en mesure de changer complètement l'interprétation du film et de .... oh et puis merde, je n'arrive même pas à me convaincre moi-même en écrivant ces lignes...

Vous l'aurez compris : le scénario est plus bancale qu'une mauvaise comédie française, chaque camp s'entre-tuant les uns après les autres dans un désintérêt flagrant avec en point d'orgue un duel inévitable car que l'on sent poindre dès le début entre Gosling et le flic ripoux.....

Bref, passons sur les détails du scénario...vu qu'il n'y en a pas.


Cette mauvaise histoire est un prétexte à un déballage de violence franchement gênante tant elle est omniprésente, la photographie ultra-léchée du film rend chaque plan interminable et le rendu global ultra long et chiant alors qu'il fait pourtant 1h30...mais il vous fait passer Cloud Atlas, Bilbo le Hobbit et la trilogie du Parrain pour des courts-métrages...

Ajoutez à tout ça une myriade de mauvais sentiments, de pulsions sexuelles franchement ragoûtantes (la scène de la prostituée qui se masturbe : franchement dispensable, le plan sur la ceinture de Gosling... j'ai toujours pas compris à quoi il servait ce plan), des dialogues quasi inexistants (l'intégralité du texte doit pouvoir tenir sur un post-it)...et dont au final on se demande s'il aurait pas fallu s'en passer quand on découvre qu'ils sont au moins tout aussi chiants, ragoûtants que le reste (la scène où Scott-Thomas, bonne mère de famille, compare ses enfants en fonction de la taille de leur anatomie et arrive à la conclusion indéniable que eh bah plus t'en a une grosse et plus tu réussiras dans la vie mon enfant !!.... En plus d'être de mauvais goût, cette scène est particulièrement gênante... Ou encore, à la fin du film, quand après une énième succession de plans interminables et d'un silence pesant, Gosling sort une de ses rares phrases du film "You Wanna Fight ?" avec un aplomb en mesure de mettre fin au conflit israélo-palestinien).

Au final, la platitude de l'intrigue et le parti-pris d'une réalisation aussi lente que 20 années d'émissions successives de "Des Chiffres et des Lettres" dessert le jeu tout sauf exaltant des comédiens. On pourrait faire arrêt sur image sur la tête de Gosling ou de ses consorts qu'on verrait même pas la différence...


On se fait vraiment chier quoi.

Comme si c'était pas assez, la purge se termine par un combat final décevant et inintéressant d'une pâle intensité puis par une ultime scène de karaoké franchement insupportable.




Vous l'aurez compris : je suis énervé, très énervé. Et il y a encore bon nombres de sots détails sur lesquels je pourrai m'acharner afin d'exprimer mon profond mécontentement.

Alors, je vous vois venir : "ouais mais c'est de l'art, ça dit rien mais ça raconte plein de chose, c'est filmer à la perfection"...

...

Non, c'est de la merde, c'est tout.

Je ne comprend pas comment on peut avoir envie d'écrire et de faire un tel film, et je comprend encore moins comment on peut avoir du plaisir à le regarder.

Si je m'enferme dans une salle obscure, c'est pour m'évader, pour rire, pour frissonner, pour apprendre, pour rêver, pour me révolter.

Si j'y vais, ce n'est pas pour être confronté à des messages dangereux à même de faire naître des sentiments douteux, à la limite de la perversion, de la pédophilie ou de je ne sais trop quoi...

Je n'y vais pas pour être gêné, je ne veux pas y aller pour prendre du plaisir à voir quelqu'un planter des baguettes dans l'oeil d'autrui puis chanter du karaoké.

Je ne veux pas aller au cinéma pour être blessé par ce que je vois, heurté par ce que j'entends. C'est pourtant ce qui s'est passé.


Non, ce cinéma-là, je ne le défends pas.
Rominou
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le 23 mai 2013

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Rominou

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