Tout est mal qui finit mal
Je n'ai lu aucune critique de ce film avant de le voir, donc ma seule opinion sur le film se basait sur la bande-annonce. Comme tout le monde, elle m'avait semblé être dans le même ton que Drive qui m'avait laissé plutôt perplexe, c'était beau mais il manquait un truc. Je suis donc parti sur cette idée au tout début du film, qui pourrait se situer dans la lignée.
Puis au fur et à mesure je me suis dit que quand même il y avait aussi du Pusher là-dedans - vu pour la première fois il y a un ou deux mois - un retour aux sources vers le crasseux de la rue. Et en effet c'est la jungle, dès le début du film ça se massacre allègrement et sans concessions et ça s'arrête plus. Soudain on est loin de l'ambiance éthérée de Drive, où tout se déroule presque au ralenti sous le soleil. Ici soit il fait nuit, soit le ciel est gris de pollution. Ou sinon on est dans des intérieurs soit très sombres, soit tellement éclairés que tout est monochrome, tout bleu, tout rouge... Cette ambiance et cette violence constante sont mises en scène dans un film très onirique, ou plutôt très cauchemardesque. Les plans muets accompagnés d'une musique très oppressante se succèdent dans de longs passages mêlant vie réelle et rêve, on a l'impression que le film en lui-même est complètement défoncé à la kétamine thaïlandaise.
J'avais pas tant aimé Drive que ça. Je pense que cette impression venait beaucoup du personnage de Ryan Gosling, auquel je n'ai pas adhéré, trop muet, trop distant, trop vide d'émotions. Cette fois par contre j'ai eu beaucoup moins de mal, le protagoniste principal ressemble pas mal au héros de Drive mais il a plus de fond. Cependant ce fond est quand même plutôt dark, ce gars là est un connard dégénéré quand même. D'ailleurs, TOUS les personnages de ce film sont des connards dégénérés en fait. De Billy par qui l'histoire commence (mal) au vieux flic ultra-violent à qui ont la fait pas par qui elle termine (mal), en passant par la mère qui concentre tout Freud en 30 minutes à l'écran, sans parler de toutes les crapules qui font le sale boulot pour les dealers de drogue, il n'y a pas une personne pour qui éprouver de la sympathie. Même pas la fille dont on a l'impression qu'elle est là juste parcequ'on fait comme ça dans les films, elle a l'air de pas être trop bête et d'avoir du cran, mais c'est tout (pour le coup j'avais LARGEMENT préféré Drive).
Au final on se retrouve donc un peu paumé devant son écran, à naviguer entre l'aspect onirique qui donne un sentiment d'irréel au tout et la violence physique et symbolique très crue qui au contraire nous raccroche à la réalité, sans même pouvoir se reposer sur les personnages pour garder un pied dans quelque chose de rassurant.
On reste con devant cette toute dernière scène presque Lynchienne, où on se demande si ces hommes qu'on voit à l'écran célébrer leur victoire sont les gentils, et au milieu de laquelle part soudain le générique de fin. Et là on voit que ce film est dédié à Alejandro Jodorovsky.
Et ça explique bien des choses.
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