Ce titre déjà. Je l'aime beaucoup. Je ne sais pas, même s'il reste assez discutable sur le fond de sa misanthropie : il claque. Le pardon n'existerait-il donc pas en dehors du théorique ? (Question d'athée mais très actuelle^^)


L'autre grosse claque qu'Only God Forgives ne cessera de nous délivrer, c'est celle de son esthétisme. Nicolas Winding Refn passe encore un cap après son premier succès (le précédent Drive), et il faut bien admettre que le gars ne met pas de l'eau dans son vin - ni du lin dans son veau d'ailleurs - en nous proposant un trip symbolique et hallucinatoire qui en aura perdu plus d'un ! Et pour tout avouer, j'ai eu également un peu de mal à rentrer dedans. A cause d'une mise en place de l'intrigue et des personnages manquant de clarté probablement.


Par contre, certains parlent d'un rythme contemplatif rédhibitoire. Je ne trouve pas. Une tension malsaine s'installe d'emblée, et si l'intrigue nous échappe quelque peu, on peut toujours se rabattre sur des enchaînements de plans tous plus magnifiques et créatifs les uns que les autres (dont certains à la symétrie Wes Andersonienne). Aussi, les éclairages de ce Bangkok interdit, aux tons rouges - parfois rosacés, parfois orangés - et bleus dans une moindre mesure, moi j'appelle ça du grand art ! L'esthétique des bordels, celle plus kitsch du salon de karaoké, les murs de lumières typiquement "siamois", m'ont juste halluciné. La marque de fabrique du réalisateur étant d'y intégrer quelques scènes violentes, voire gores, histoire de bien contraster l'ensemble (les catins fermant les yeux dans le salon, quand d'autres les perdent...). Enfin, nul besoin de présenter la musique extrêmement immersive composée une fois de plus par Cliff Martinez.


Quant à l'histoire, oedipienne et spirituelle parce qu'il faut bien trouver quelque chose à dire, elle mettra au prise Julian (Ryan Gosling égal à lui-même), un dirigeant de club de boxe Thaï - mais surtout trafiquant de drogue ayant fui les States - avec un flic local sans foi ni loi adepte du katana que sa mère (hallucinante Kristin Scott Thomas en vieille bourgeoise vulgaire sur le retour) le sommera de descendre vu qu'il aurait tué son grand frère. Grand frère que Julian n'avait lui-même pas trop envie de venger, parce que quelque part, il le méritait...
Clairement, l'histoire n'est pas le point fort d'OGF.^^


"Tu veux te battre ?" Cette réplique m'a fait rire. La seule. Mais quel réalisme dans les coups portés au cours de ce combat. C'est quand même là que tu te dis que NWR apporte quelque chose de véritablement puissant quelque part entre la rudesse des rapports humains et le surréalisme de leurs décors, de leur univers. Et pour le coup, Ryan Gossbo n'a pas eu peur d'égratigner son image. Bon, évidemment, il garde le beau rôle (j'ai adoré la scène avec la gamine), quoique ce final gore vis-à-vis de sa mère m'a relativement interloqué. Et mine de rien, pendant la petite berceuse finale, ben j'étais hyper satisfait comme gars ; regardant défiler le générique jusqu'à son terme (ce qui est toujours bon signe).


Après, je comprends parfaitement que ce genre de films à l'intrigue et aux dialogues elliptiques ne plaise pas. Il n'y a qu'à se référer à son accueil cannois... Mais, métaphorique avant tout, c'est de l'art cinématographique dans ce qu'il a de plus essentiel : le visuel et l'auditif. Avec en sus un parti pris jusqu'au-boutiste qu'il serait quand même dommage de bouder. Surtout en ces temps d'uniformisation du 7ème Art...


Hypnotique.

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le 19 août 2016

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RimbaudWarrior

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