"Étant donné que le cinéma chinois peine parfois à dépasser sa frontière, il convient de chérir ces œuvres qui portent en eux cette force tranquille qui, une fois les turbines lancées, naviguent dans une grâce solennelle. Only The River Flows fait partie de ceux-là, de ceux qui cherchent et qui ne trouvent pas toujours un sens aux questions. Et ce film noir ne laisse que des indices en surface, car il invite les spectateurs à remonter une piste inattendue, aux côtés d’un homme qui fusionne peu à peu avec les propres incertitudes."
"Dès la première scène d’ouverture, intrigante jusque dans ce dernier plan où des jeunes enfants jouent aux gendarmes et aux voleurs dans un immeuble en ruine. Celui qui tient l’arme débouche sur une porte donnant sur le vide et sur la cité de Banpo et sa banlieue. Démarre alors une série de meurtres où les pistes sont maigres et les suspects trop nombreux, même dans un petit village d’une cinquantaine d’habitants à peine. La police investit alors un cinéma local en faillite pour leur prochaine opération, preuve qu’il n’est plus possible de s’épanouir culturellement et que des fous errent un peu partout."
"Épatant visuellement et stimulant intellectuellement, Only The River Flows est un film noir en surface et une étude ténébreuse de l’âme humaine dans son sous-texte. La descente aux enfers des personnages, qui courent après des titres honorifiques qui n’existent pas, est insufflée d’une aura fantastique, un peu comme si le monde misérable qu’on y décrit constitue une passerelle entre la vie et la mort. Rien qu’à la vue d’un puzzle, miraculeusement résolu, où une mère est représentée avec son enfant suffit à démontrer que Shujun préfère jouer avec les symboles, qui jalonnent tout le film et qui mutent dans l’esprit de Ma Zhe. Le metteur en scène incite ainsi le public à les assimiler, sans quoi il ne verra qu’un verre à moitié plein ou à moitié vide."
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