Pour l’ouverture de la série « Female Teacher« , Noboru Tanaka nous surprend par une approche très froide et très conceptuelle certes réussie formellement mais sur trop de sujets universels. Le jeu figé de Ayako Ichikawa et Hitomi Kozue renforce cette absence d’empathie tout le long de ce film qui intéressera des cinéphiles plus « intellectuels » et pourra perturber voire ennuyer les classiques amateurs de Tanaka. Le film techniquement est maîtrisé, rien à redire sur sa façon dont est filmé Naomi en train de jouir, c’est remarquable, notamment dans ce long tunnel d’un quart d’heure sans dialogue. La course à travers la ville des deux jeunes tourtereaux est bien également. Mais que le propos et la forme du film sont déprimants ! Au delà du scandale de la relation prof-élève, Tanaka nous livre une femme qui a renoncé avec un p’tit chouia d’hésitation, à l’amour, à la maternité et aux interactions sociales au profit unique de sa jouissance égoïste. L’Amour absolu à la « Roméo et Juliette » n’est qu’un amusement de jeunes. Le caractère sacré de l’enseignement ne tient pas au moindre coup de boutoir. Et si tu n’es plus là, je prendrai donc ton frère. Même le regard de l’enfant ne détourne pas Naomi de ses envies et elle laisse donc amour et maternité s’éloigner un ballon à la main. Cette froideur et cette solitude sont parfaitement incarnées par Ayako Ichikawa déambulant seule dans la ville. Ce n’est pas mieux, côté de Keiji le garçon amoureux qui n’hésite pas succomber devant Kazuko, à se sentir enfermé et jaloux dans cette relation non réciproque (les ballons, l’avion…) et à fuir cette dépendance financière et affective. Kazuko, glaciale elle aussi, vit dans un autre monde fait de rêves et d’absolus : On aime ou on meurt. Quant à deux autres, frère ou collègue : une femme, c’est fait pour prendre du plaisir. Il n’y a pas franchement de quoi être joyeux.
Si le scénario de Mari Abe est déprimant, la réalisation de Tanaka accentue ce sentiment à coup de symboles plus ou moins lourds : ballons bloqués, avion qui ne peut voler et qui finit détruit, nourriture, tableau noir avec les jeunes qui se sont suicidés, pluie de fleurs de cerisiers avec enfant, lumière et tâche rouges, flash-back à gogo… et surtout ce long tunnel sans dialogue avec ses halètements continus. Bref, tout ça pour arriver la conclusion : quand on est libéré de l’amour et de la maternité, on est seule et on peut causer aux pigeons. Aux spectateurs de se faire leur propre avis sur ce curieux Tanaka .