De Open Water, je me souvenais d'un film qui m'avait perturbé même si la forme minimaliste laissait à désirer. Plus de 10 ans après je redécouvre les affres d'un film mal aimé et mal compris.
La réalisation est mauvaise, très vite on sent le film de vacances à la limite d'une mise en scène de porno, c'est vous dire. Mais si on remet le film dans son contexte, on est dans cette idée de caméra portée, entre le found-footage et le film amateur très apprécié après Le Projet blair Witch.
Si le film tarde à démarrer, nous laissant croire que le réalisateur instaure une intimité entre les personnages et le spectateur, il le fait de la pire façon qui soit niveau mise en scène ; pas sur que beaucoup ont attendu la plongée et le revirement de situation.
Le film aurait pu commencer sur le bateau avec cette sortie en plongée. C'est ainsi qu'après avoir scruté les fonds marins, Daniel et Suzanne sont malencontreusement oubliés dans l'océan. Ce scénario qui tient en quelques lignes est le résultat d'un fait divers. Sauf qu'ici le scénariste sauve le film de la noyade, en imaginant de manière réaliste ce que le couple a vécu au milieu de l'océan. Ainsi le film ne se perd pas dans la lente agonie ou pire dans le film à grand spectacle du requin tueur. La peur qu'instille le film petit bout par petit bout vient surtout de la situation, entre les dangers du courant et le danger de la raison.
La mise en scène ne sauvera d'ailleurs l'honneur que dans l'eau, au moment où le couple se trouve seul. La caméra immersive suivant les vagues plongera les spectateurs dans le même désarroi que les personnages. Si on est dubitatif quand à ces interludes maladroits montrant le changement d'ambiance avec une ville en proie à la fête que manque le couple, on lui préfère ces ellipses sur les nuages. La musique survient par moment, certainement pour rappeler les films de requins, mais elle reste très discrète et n'est pas utilisée de manière lourde. Open Water redonnera ses lettres de noblesses au requin, celui-ci ne devenant pas le monstre assoiffé de sang qu'on nous vante quotidiennement dans les films ou les médias. L'intelligence du scénario est de savoir instaurer l'attente, de créer une tension avec de rares éléments sans tomber dans la caricature de la grosse bête méchante contre laquelle il faut à tout prix se battre. Open Water est d'autant plus tragique parce que c'est un fait divers, mais qui aura eu la chance d'être relativement bien écrit à défaut d'être bien réalisé, quoi que...