Operación E par Francis Del Luccin
Un film retraçant un destin parmi tant d'autres dans le drame qu'est le plus ancien conflit armé au monde (60 ans).
Servi par une interprétation magistrale, comme à son habitude, de la part de Luis Tosar, nous sommes pris dans l'histoire de Crisanto, fermier pris au piège par les FARC, bien obligé de collaborer avec eux pour survivre, et à qui un beau jour, on confie un jour, la garde d'un nourrisson. La suite est un enchainement de retournement de situation ou de nombreux thèmes de la vie quotidienne en Colombie sont abordés: le recrutement des enfants, les fonctionnaires douteux dont le mépris pour les communautés rurales est plus qu'évident; des FARC qui n'ont de communiste que le nom et qui aujourd'hui sont plus une multinationale de la drogue méprisant complètement le peuple; et ces déplacés internes, errant de ville en ville, fuyant un ennemi ayant des tentacules dans chaque département, en quête d'une protection bien trop légère et d'une place dans la société.
Il faut bien voir ce film comme une histoire dans l'Histoire: si on a découvert les FARC en France avec l'histoire Betancourt, le conflit armé colombien est bien plus compliqué que cela: en effet, en plus des guerrillas, il y a aussi les paramilitaires, les BACRIM (bandas criminales), les anciens paramilitaires, les cartels mexicains, l'armée, la police et son lot de corruption; qui ont créé un conflit multiformes et dont les alliances et les rivalités rythment le quotidien de nombreuses villes. Les déplaces en Colombie et chez le voisin équatorien sont incalculables, et souvent sans espoir que la situation se règle malgré les différents plans et promesses (P.S: je bosse dans le droit des réfugiés en Equateur, je connais particulièrement bien la situation).