Après les décevants Mon Ket et surtout Une année polaire, place à Opération Beyrouth en cette semaine peu affriolante en terme de sorties cinéma, à l'image d'un décevant mois de mai. Alors, jamais deux sans trois?


Beyrouth, 1972. La vie est belle pour le diplomate américain Mason Skiles (Jon Hamm). Il réside avec sa femme Nicole (Leïla Bekhti) dans une sublime demeure sur les hauteurs de la capitale libanaise. Ils ont adopté un jeune palestinien Karim, qui a perdu toute sa famille. Lors d'une réception, l'ami de Mason, Cal (Mark Pellegrino), vient chercher Karim dont le frère aîné est un dangereux terroriste. En un instant, la vie de Mason va basculer, il va perdre sa femme, Karim et son ami. 10 ans plus tard, on le retrouve à Boston, en tant que négociateur pour des firmes en crise. L'alcool est devenu son seul compagnon, jusqu'à ce qu'on lui demande de revenir à Beyrouth pour une opération dont sa présence a été exigée. Par qui? Pour quelles raisons? C'est ce que nous allons découvrir au fil de l'intrigue, même si on se doute des réponses.


Jon Hamm est en mode Don Draper, pas que cela soit déplaisant, mais son jeu d'acteur semble se limiter à ce type de personnages, autour desquels les femmes s'affolent et où l'alcool coule à flots, de préférence dans son verre. Au moins, il a arrêté la cigarette, mais il a toujours la déprime facile. Certes, sa vie s'écroule dès le début du film, ce qui explique sa souffrance, mais on sait bien qu'il va renaître de ses cendres et reprendre du poil de la bête, à défaut de celui de la belle. Par contre, ce n'était pas une très bonne idée de donner le prénom Donald au personnage interprété par Dean Norris, déjà affublé d'une moumoute, lui donnant un air d'Elliot Gould dans *M*A*S*H*, ce qui le rend peu crédible. Dès qu'on entend "Don", on s'attend à voir Jon Hamm, alors qu'on doit se taper Dean Norris, qui est tout de même, beaucoup moins glamour.


Beyrouth est une zone de guerre, prise d'assaut par divers groupuscules terroristes, en partie sous le joug des américains, pendant que les israéliens cherchent une excuse pour envahir la capitale. C'est un résumé très succinct de la situation, mais suffisant pour comprendre les enjeux d'une intrigue, un brin complexe. L'humain, en l’occurrence cette épave de Mason Skiles, se retrouve au cœur d'un jeu de pouvoirs, dans lequel Israël a de nombreux atouts dans sa manche pour parvenir à ses fins. Tel un chien dans un jeu de quilles, il est un peu le seul à avoir un semblant de profondeur, tant ses petits camarades ne sont pas mis en lumière, à l'image d'une Rosamund Pike se débattant dans plusieurs langues dans l'ombre de notre anti-héros. C'est le principal défaut d'un film se révélant captivant, malgré cette absence de dramaturgie, de liens entre les personnages et principalement la relation Mason Spikes et Karim Abou Rajal (Idir Chender), devenu un terroriste du jour au lendemain, qui avait tout pour être bouleversante.


Brad Anderson signe un thriller à l'ancienne, privilégiant les dialogues à l'action. C'est propre et efficace, à défaut d'être nerveux et complexe. On passe un agréable moment dans un Beyrouth en ruines, alors que c'est le chaos, ce qui est assez paradoxal. Sa population est mise de côté, on croise quelques enfants courant derrière les voitures où un couple faisant leurs photos de mariage dans les décombres. Malgré la mort qui peut frapper à chaque coin de rue, la vie continue. La ville sert juste de décor, à une histoire mettant de côté ses habitants, une preuve de plus sur son absence de profondeur. Mais on apprécie que l'état d'Israël ne soit pas présenté comme une victime, de même que les états-unis, même si ce dernier en prend souvent plein la gueule dans diverses productions et à juste titre.


Un thriller correct, à défaut d'être au niveau d'un Spy Game de Tony Scott plus divertissant et prenant, où du Syriana de Stephen Gaghan plus complexe sur les rapports des états-unis avec le moyen-orient. Le scénario de Tony Gilroy est à l'image de la mise en scène de Brad Anderson, se contentant du minimum avec des tentatives de fausses pistes se révélant foireuse car prévisible. Un divertissement honnête, mais n'offrant rien de bien surprenant où d'original. Il s'oubliera facilement, tel un produit de consommation courante.

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le 6 juin 2018

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Laurent Doe

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