Un docteur sévèrement burné.
On sait que Blake Edwards a eu beaucoup de conflits avec Hollywood pour imposer ses sujets : Opération clandestine ne sera que le troisième projet d'affilée qui sera un bide (après Darling Lili et Deux hommes dans l'Ouest), après que le studio (MGM) a dépossédé Edwards du montage final. Ce qui explique pourquoi ce dernier a renié le film dès lors.
Pourtant, faute de voir le vrai montage (à jamais perdu), c'est un thriller médical très intéressant, fortement éloigné du style de son réalisateur (c'est une des rares fois où Henry Mancini ne compose pas la B.O., absence d'humour), mais qui repose essentiellement sur le charisme de son interprète principal, James Coburn.
Ce dernier avait déjà travaillé avec Blake Edwards sur Qu'as-tu fait à la guerre, Papa ?, et ici, il est absolument génial dans ce rôle de docteur qui veut prouver l’innocence d'un ami chirurgien, accusé d'avoir tué une jeune femme après un avortement raté.
Je dirais même que Coburn éclipse à lui seul le reste du cast, excepté James Hong (qui joue le chirurgien présumé coupable) : il est à la fois charmeur, retors, manipulateur (ses méthodes d'extorquer les informations en voiture sont assez dangereuses), violent (il n'hésite pas à donner du coup de poing), mais il n'agit pas comme un policier. Il est comme un ami qui a ses propres manières, souvent peu orthodoxes, mais qui le placent au-dessus du lot.
A noter que la femme (adultérine) avec qui il est s'appelle Jennifer O'Neill et que pour l'anecdote, elle est très connue pour avoir joué dans Un été 42.
J'avoue que si ce film n'était pas sorti en dvd, je n'en aurais sans doute jamais entendu parler. Bénéficiant de sa réputation sulfureuse (difficile d'y reconnaitre le style de Blake Edwards), il reste néanmoins un très bon film, dans le genre thriller médical, et se permet de se rappeler quel putain d'acteur était James Coburn.