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Bruce Lee, je suis comme tout le monde, je connais. Je connais ses éructations aiguës, je connais ses costumes, ses poses, ses mouvements, sa philosophie, son apparente arrogance, sa manière de caler des “baby” et des “man” dans toutes ses interviews, sa montée fulgurante à la postérité et sa fin tragique et mystérieuse. Je connais même le titre de ses plus gros films. Mais jusqu’à présent, je n’en avais pas vu un seul.
C’est désormais chose faite avec ce Enter the Dragon, premier film américain de l’acteur/chorégraphe/réalisateur seconde équipe/scénariste/storyboarder. Le film qui le propulsera du rang de Elvis à Hong-Kong, à celui de superstar internationale, à celui du premier acteur asiatique bankable à Hollywood, de modèle pour toute une jeunesse qui ne se retrouve pas dans les héros blancs habituels. Non pas que le film soit particulièrement bon, Enter the Dragon étant au final assez B, à l’exception d’une scène finale dans un palais des miroirs (plus de 8000 utilisés pour le tournage) tout à fait mémorable. Non, si cette œuvre a marqué les esprits, c’est bien grâce à Bruce Lee et sa présence à l’écran, son charisme physique et psychologique. Il s’empare de chaque scène, chaque plan, pour le faire sien et le rendre culte. Le scénario, à base de tournoi (un classique dans le genre des arts martiaux) et d’infiltration dans la base d’un ersatz de vilain Bondien, n’est qu’un prétexte pour imprimer le Petit Dragon sur la rétine du spectateur. Un véritable one-man show, tout en virevolte, en grâce féline, en tatanes et en préceptes zens. Enter the Dragon ne peut exister sans Lee.
Le destin voudra malheureusement que l’acteur décède trois semaines avant la première du film, l’ancrant un peu plus dans la légende. Il explose à titre posthume, et restera à jamais cette bête scénique de 32 ans, jeune pour l’éternité. Car comme tout le monde, Bruce Lee, je connais, même avant d’avoir vu un film, même cinquante ans après.
Bonus de l’édition steelbook - 50ème anniversaire du film :
Comprend le film en version cinéma et en version spéciale (une scène supplémentaire de dialogue sur la philosophie martiale en début de film)
No Way as Way (20 minutes) :
Sugar Ray Robinson, George Takei, Steve Aoki et les descendants de l’acteur reviennent sur l’importance qu’il a eu sur la représentation des asiatiques (voire de toutes les minorités) en occident, les faisant passer de seconds couteaux à potentielles vedettes. Son influence sur leur parcours individuel est explicitée, un véritable modèle de réussite et de persévérance à suivre. “Lorsqu’une personne est sous-représentée, elle est invariablement mal représentée” dira Aoki. Les interviews sont sincères et intéressantes, et celle de Takei particulièrement émouvante (étant issu de parents japonais aux USA, il a grandi dans des camps d’internement lors de la guerre).
Return to Han’s island (10 minutes) :
La moins intéressante des features, montrant chaque lieu du film, plan par plan, dans le Hong-Kong actuel. On est dans le fanservice outrancier tant on se fout de savoir que ce mur sans horizon correspond en réalité à celui-ci : si vous le dites…
Wing Chun : l'art qui a conduit Bruce Lee au Kung Fu (20 minutes) :
A travers une poignée de pratiquants du Wing Chun, on revient sur la création de cette forme de kung fu, sur les préceptes du temple Shaolin, et sur le statut de paria qu’a reçu Bruce Lee en enseignant cet art à des non-chinois. Un petit documentaire intéressant, avec quelques démonstrations in situ. Et voir le fils d’Ip Man (mentor de Lee, entre autres), 89 ans au moment du tournage (et centenaire aujourd’hui), mettre des mandales et parler des bienfaits physiques de cette pratique, a quelque chose de mystique.
Du sang et d'acier, le making of d'Opération Dragon (30 minutes) :
Un making-of exhaustif en compagnie du cast et des équipes techniques. On y décortique certaines scènes, on aborde les conditions de tournage chaotiques dans un pays où la barrière des langues est prégnante pour des américains, on traite des relations de travail avec la star du film… Les interviewés sont vraiment chaleureux, nostalgique de ce film culte et mélancolique quant au sort de Lee. Complet et instructif.
Bruce : in his own words (20 minutes) :
Interview de l’acteur au début des années 70, qui revient sur son parcours, sa philosophie de vie et son attitude face à l’adversité. Il traite notamment de l’image de fanfaron qu’il véhicule : il est conscient de ce qu’il transpire, mais il est aussi conscient de son talent unique, ce qui explique son assurance. Qu’on adhère ou pas au personnage, il est en tout cas fascinant.
La Malédiction du dragon (1h30) :
Le plus gros morceau de cette galette, aussi long que le film. A travers des images d’archives, de ses films et d’interviews de ses proches et collaborateur, on passe la vie de Bruce Lee au peigne fin, de son enfance de petit caïd dans les rues de la mégalopole asiatique à ses études à Seattle, de son retour à Hong-Kong pour y devenir une figure incontournable à sa mort aux Etats-Unis, en concluant par le décès de son fils, Brandon Lee, sur le tournage de The Crow vingt ans plus tard. Interviennent entre autres Kareem Abdul-Jabbar, Steve McQueen, James Coburn, Robert Clouse, Fred Weintraub et bien d’autres, ayant tous été proches du Dragon. On lève le voile sur certaines zones d’ombres, que ce soit de potentielles collusions avec les triades lors de son succès oriental, son tempérament explosif dû à ses frustrations de sino-américain, ou le mystère qui entoure sa mort. Un documentaire qui finit d’enfoncer le clou de sa postérité. Passionnant.
https://www.senscritique.com/film/bruce_lee_la_malediction_du_dragon/23713140