Dès les premières images on le comprends: la mort rôde dans ce petit village du nord de l'Italie.
Il y cette femme, qui meurt empalée, et ces quatre bouffons élancés aux longues jambes, encapuchonnés de rouge, qui portent son lourd cercueil à travers les ruines.
C'est dans ce décors que débarque un médecin légiste aux allures de dandy qui les regarde passer, incrédule. Il est là pour aider un commissaire à élucider une série de crimes, dont c'est la dernière victime qui vient de passer devant ses yeux sur huit pattes. Et alors qu'il se heurte aux habitants peu coopératifs et terrifiés, il découvre que ce contre quoi il lutte n'est peut-être pas explicable par la science et la raison.
Ce film, c'est Sleepy Hollow presque cinquante ans avant et les thèmes soulevés sont strictement les mêmes que ceux de la soit-disant nouvelle vague espagnole d'aujourd'hui. Et c'est vachement mieux.
Et époque oblige, ça coule dans la veine ouverte par les Corman et les films fantastiques de la Hammer: un jeune dandy et une jolie femme en lourde robe, un village paralysé par une peur sans nom, éclairage un peu jaune, j'ai beaucoup pensé au Chien des Baskervilles de Terence Fisher par moments.
Mais là où le film se démarque c'est bien par sa mise en scène de mouvement, toute en zooms et en travellings qui préfigurent ceux qui feront la renommée des giallos dont il sera le père spirituel. Quelques éclairages aux couleurs étranges très rouges et ocres, une caméra subjective qui suit les mouvements d'une balançoire dans un parc envahi par de la brume lourde: chaque plan est intéressant et l'ambiance y est incroyable grâce au talent de plasticien de Mario Bava et de son compère Antonio Rinaldi. Et puis grâce à cette ritournelle toute simple et agréable, très enfantine, qui diffuse une angoisse légère et vraiment particulière.
Même le village, pourtant envahi par une bonne vieille brume-cache-le-peu-de-moyens des familles, est superbe. Il devient un labyrinthe, dans lequel se débattent des gens paniqués, poussés vers des morts horribles par un esprit vengeur, avec plein de maléfices cauchemardesques planqués dans chaque recoin (dont une chambre sans issue du plus bel effet).
Il n'y a malheureusement pas de Peter Cushing pour rattraper la moule qui interprète le protagoniste central, les acteurs très théâtraux jouent dans l'ensemble assez mal et leurs personnages ont des noms vraiment bizarres tout en R, en S et en K. Mais entendre ces noms étranges prononcés par une femme italienne pendant une heure trente, moi je fonds.
Graps. Raaaaah.