Difficile de partir voir ce film sans a priori et l'esprit dégagé de tout préjugé. Je n'aime pas Arielle Dombasle. Mais son projet m'intriguait, pour voir ce dont elle était capable.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Dombasle n'est pas cinéaste. Je l'attaquerais bien sur la base de "et qui est-elle pour faire un film sur Cocteau" mais après tout c’est un sujet comme un autre. Bon point pour elle d'ailleurs, il y a une sincérité naïve presque touchante qui émane de ce film raté et pas vraiment à faire. Le choix de textes de Cocteau pour 80% de dialogues est une idée intéressante, mal exploitée : voix off d'outre tombe, chansons atroces qui parviennent à rendre les textes sublimes du poète assez insignifiants.
Le seul intérêt du film c'est sa bizarrerie, ses maladresses, son côté baroque de pacotille. Décors et costumes improbables, peu vraisemblables, mais amusants. Séquences oniriques en NB qui se veulent surréalistes mais qui sont juste ridicules, assez drôles d'ailleurs. Reconstitution pardessus là jambe, imprécisions biographiques vaguement justifiées par le délire opiacé du poète...
Et ce casting chamarré, bigarré, improbable. Le couple Julie Depardieu / Philippe Katerine arrache quelques sourires par leurs pitreries improbables, le couple Elkaïm / Donzelli fait une curieuse apparition (jeu amusé de l'un, outré de l'autre), Marisa Berenson ((!!!) déambule et chante (et fournit ses propres cosmétiques !?)... Le duo d'acteurs principal est foireux : un Cocteau qui n'a rien de Cocteau mais qui joue pas trop mal, un Radiguet vilain et mal campé. En revanche, Niels Schneider s'en sort bien. C'est d'ailleurs triste de se dire que Xavier Dolan disait finalement plus de choses intéressantes sur Cocteau en deux minutes définitives dans les Amours imaginaires (avec le même Niels, Coctaldien en puissance) que Dombasle en 1h20 qui réussit l'exploit d'être ennuyeuse.
Parlons-en d'Arielle. Elle n'est donc pas vraiment cinéaste, juste mondaine, squatteuse de la vie culturelle et du paf, madame je-sais-tout et j'ai mon mot à dire sur tout, femme de pseudo philosophe... L'incarnation parfaite de la post modernité où presque n'importe qui peut devenir quelqu'un. Elle a été actrice chez Rohmer, chanteuse protégée par les autrement plus respectables Gonzales ou Katerine justement, qui ont du voir en elle le talent qui chez moi crie son absence. Et donc, elle se ménage évidemment un rôle, celui d'une muse, aux coudes laids et aux lèvres gonflées.
Dans ce grand barnum finalement moins laid que prévu, mais furieusement amateur (le son et le cadrage, pitié, la moitié des dialogues sont inaudibles), sans queue ni tête (je vous mets au défi de comprendre ce que ce film raconte, au final), pas grand chose à sauver donc, mais pourtant un petit côté nanar sincère, naïf et sympathique que je n'arrive pas à m'expliquer.
Fumeux.