Début à l’allure de spot publicitaire (avec exposé par une voix féminine convaincue), pour ce court métrage d’animation (8 minutes) co-réalisé par Flavien Lens, Sébastien Buisson, Tristan Legranche, etc. Impression trompeuse, car on réalise bientôt que M. Arkel est devant un écran, l’approche publicitaire n’étant destinée qu’à poser la situation. En réalité, M. Arkel est là pour une projection, celle d’un film simulant l’évolution de son enfant à naître. Première constatation, M. Arkel est seul devant cette projection. Et puis, la voix féminine intervient fermement quand, n’y tenant plus, il s’approche de l’écran avant la fin. Il doit aller au bout de ce qu’on veut lui annoncer.
Il est ici question de sélection génétique, en particulier le pourquoi et le comment. Le pourquoi est détaillé dans la première partie à caractère publicitaire. Grâce à Oracle, les déviances humaines (dont la criminalité) auraient fortement diminué. Le système Oracle permet de repérer les individus dont l’héritage génétique les transformera en fauteurs de troubles pour la société. M. Arkel est ainsi fortement incité à réagir dans un certain sens.
La société, quelle société ? Le film ne montre M. Arkel en contact avec aucun être humain. Quant à sa fille, elle devra se contenter de représentants de l’ordre ! La simulation met en scène l’enfant évoluant dans la nature (scènes un peu naïves). C’est assez contradictoire avec l’environnement dans lequel évolue ici M. Arkel (association d’idées, la villa… Arpel imaginée par Tati), toute la présentation publicitaire étant de style high-tech (souligné par une BO très techno). Ce qu’on peut imaginer de la société dans laquelle M. Arkel évolue est dominé par la technique (voir l’affiche, habile, avec son côté hyper-léché franchement séduisant). On ne sait pas si la présence de M. Arkel chez Oracle est un choix ou bien une obligation. La deuxième alternative est plausible, car il semble surpris par la tournure des événements. Néanmoins, il est là pour prendre une décision.
Le film montre que ce qui motive l’être humain, c’est généralement la curiosité. Celle-ci le pousse à améliorer ses connaissances, d’où le progrès technique avec ses conséquences. La tentation est d’élaborer des machines aptes à suppléer l’homme dans son travail… jusqu’à le remplacer ? Depuis des lustres de nombreux scientifiques, philosophes, artistes, législateurs et anonymes se sont penchés sur la question, non sans inquiétude. L’intérêt de ce film, c’est qu’il apporte sa pierre à l’édifice en invitant à une réflexion sur la nature humaine, pour affirmer sa foi en l’être humain malgré sa tendance à jouer les apprentis sorciers. Le film montre ce que peut devenir un monde gouverné par la technique.
L’animation ose ici un contraste saisissant entre la présentation hyper sophistiquée des possibilités avancées par Oracle et la projection du futur en pleine nature de la progéniture Arkel. Le plus convaincant est du côté technique tout en alignements géométriques. Tout l’aspect humain et naturel fait fabriqué, ce qui n’est finalement pas un défaut puisque cela contribue à crédibiliser la démonstration.
http://www.dailymotion.com/video/x32w2d_oracle_creation