Je me souviens que j'avais vu ce film fin 1977 juste avant de partir faire mon service militaire, à cette époque j'allais en salles voir des films uniquement pour me distraire et non pour réfléchir, et dans cette décennie 70, les films à vocation distrayante étaient assez nombreux, entre la vogue des films catastrophe, les polars avec Charles Bronson, les Belmonderies mouvementées, les comédies avec Pierre Richard, les imitations de la Guerre des étoiles, les James Bond avec Roger Moore encore pas trop décati, et certains films de jeunes comme la Fièvre du samedi soir, bref, une décennie rafraichissante.
Orca s'inscrit dans cette catégorie de films à vocation distrayante et se place comme une alternative intéressante au succès des Dents de la mer, c'est en tout cas l'une de ses meilleures imitations à un moment où les films "aquatiques" avec un bestiau surfaient sur ce succès planétaire. C'est un peu la version morale des Dents de la mer si l'on se place du côté des animaux, et la différence avec le film de Spielberg, c'est que l'orque chasse l'homme qui a détruit sa famille, alors que le requin chassait uniquement pour bouffer, il y a une sorte de message écologiste sur les massacres d'animaux marins.
Le studio a désigné un bon faiseur, Michael Anderson venait de réaliser l'Age de cristal qui était un bon film de science-fiction lançant un concept original, de même que ce même studio a fait preuve d'opportunité en engageant un casting varié et agréable, avec la bonne bouille de Richard Harris en marin-pêcheur poursuivi par la vengeance d'un orque rancunier, Charlotte Rampling qui sortait du succès de Un taxi mauve incarne la scientifique de service qui se paye une coucherie inévitable avec Harris, on rameute aussi le vétéran Keenan Wynn qui n'a pas de chance après Piranhas de Joe Dante où il se faisait grignoter les pieds, là il se fait carrément bouloter par l'orque ; on utilise aussi le beau physique amérindien de Will Sampson qui incarne le native american philosophe qui comprend l'animal, et pour faire du jeunisme et pour faire joli, on prend enfin Bo Derek dont c'est le premier film dans un rôle secondaire, ainsi que le plus jeune des frères Carradine, le dénommé Robert.
Avec un budget correct, quelques bons Fx, une efficacité dans les scènes d'action, et ce casting, Orca atteindra une place honorable au box-office, devant d'autres films aquatiques comme Piranhas, Mâchoires infernales, Alligator et autres Tentacules... Si on y regarde à 2 fois, on verra que le scénario est assez tiré par les cheveux, parce qu'un orque qui cherche à se venger d'un humain même si on lui tue sa famille, c'est plutôt léger, mais bon, il parait que ces animaux ont une mémoire d'éléphant et qu'ils sont capables de se défendre contre des hommes qui leur veulent du mal, et d'ailleurs, il n'est pas rare que l'orque épaulard attaque l'homme, j'avais vu ça dans un doc du commandant Cousteau, alors vous pensez bien que si l'homme au bonnet rouge le dit, c'est qu'il y a du vrai.
Tout ça pour dire que ce film m'avait bien plu à l'époque, je l'ai revu 1 ou 2 fois en VHS, et revu maintenant, ça tient encore la route, les acteurs font tout pour qu'on y croit, sans oublier le maestro Morricone qui compose une musique adéquate, le plaisir est toujours là, et pour moi c'est donc un bon souvenir de jeune adulte et je m'en contente sans me triturer la tête.