Adaptation du Feu Follet de Pierre Drieu La Rochelle, Oslo, 31 août ne se limite pas pour autant à l'histoire de départ, à savoir le beau portrait d'un jeune homme en perdition, et fait, comme son nom l'indique, le portrait mélancolique d'une ville, de ses habitants, d'une génération. L'ouverture du film, magnifique, n'y échappe pas : c'est un montage d'images de la ville filmées en Super 8, sur lesquelles se superposent les voix de ses habitants racontant leurs souvenirs.
C'est ce qui fait la grande réussite du film : les souvenirs d'Anders, de sa vie familiale, entrent en écho avec les souvenirs des habitants, leurs anecdotes, comme dans cette scène au café où, comme s'il entendait des voix dans sa tête, il entend les voix des gens qui l'entourent. Le désespoir d'Anders, la tristesse infinie qu'il ressent, sont ancrés dans un lieu, dans les lieux de sa ville, et les Hommes qui y vivent. Pas étonnant, dès lors, que Trier émaille son film de récits d'amis d'Anders plein de désillusion : le portrait d'Anders, dit par son entourage, est le miroir d'une génération de trentenaires qui n'ont pas vu le temps passer et qui s'embourbent dans un réel qu'ils ne supportent plus.
La mélancolie des plans finaux vient de ce triple portrait : dans cette ville ensoleillée par la lumière chaude de la fin de l'été, les gens ont changé, vieilli, souffert, et il ne reste d'eux que les lieux de leurs joies, leurs déceptions, leurs fêtes et leurs amours.