Ôtez-moi d’un doute parle avant tout de filiation et de rapport père-fils/fille avec une pointe d’humour et beaucoup de douceur, d’authenticité. Pourtant, le film de Carine Tardieu reste très anecdotique et peinera à marquer les esprits après le visionnage somme toute très agréable.


On avait quitté la réalisatrice de Dans la tête de maman en 2011 avec le très ludique et doux Du vent dans mes mollets. Le film racontait le passage éclair à l’âge adulte d’une petite fille plus mature que ses propres parents. Elle devait alors faire face au deuil et comprendre que la vie continuait, bref grandir. Avec Ôtez-moi d’un doute, c’est donc de nouveau à la filiation que Carine Tardieu fait appel pour raconter l’histoire d’Erwan et de ses deux pères. Voilà ce démineur breton face à une bombe plu complexe à déterrer que toutes celles auxquelles il a eu affaire jusqu’alors. Et c’est sans compter sur toute une galerie de personnages hauts en couleurs et tous un peu loufoques pour lui mettre des bâtons dans les roues. A leur tête, la belle et toujours aussi épatante de sincérité Cécile de France alias Anna qui trouble le plus Erwan. Demi-sœur ou future amante ? Difficile à dire pour celui qui côtoie son tout nouveau père depuis peu tout en cachant la vérité à son père adoptif et en gérant la grossesse de sa fille. Les mères d’ailleurs sont quasiment absentes du tableau, défaillantes. Ce sont les pères qui rassurent ici, qui câlinent et qui cuisinent. Un bel hommage au rapport père-fille/fils s’écrit aussi en filigrane.


Dans la tête de papa


Le décor breton donne au film une saveur de tempête brestoise, tout est toujours prêt à exploser telles les bombes, souvenirs de la guerre, que désamorce Erwan. La force du film de Carine Tardieu est son authenticité et sa douceur. Tous les acteurs offrent une simplicité bienvenue à des personnage simples, un peu décalés, loin d’être performants avec leurs vies respectives. On s’attache donc à eux et à leurs petites frasques, à leurs regards qui se croisent et à ce désir tenace de retrouver le plaisir d’être ensemble. Pourtant, le film manque cruellement de rythme et l’accroche sur la filiation perd de son sens dès lors que la relation entre Erwan et son « vrai » papa semble réglée d’avance. On se désintéresse donc presque de leurs échanges. L’humour tombe parfois un peu à plat, car il manque de surprise. Demeure une petite ritournelle entraînante (la musique est signée Eric Slabiak), quelques belles scènes de confrontation entre les personnages, toujours filmées en plans rapprochés, avec en ligne de mire les réactions physiques des protagonistes.


La question de la filiation est peut-être ici presque trop dispersée (car elle concerne presque tous les personnages) pour être vraiment abordée de front et l’intrigue principale en perd de la force, de l’intérêt. Le film nous renvoie alors à une autre réalisatrice française, Ounie Lecomte dont la question de la filiation a été magnifiquement abordée de film en film, avec notamment le récent Je vous souhaite d’être follement aimée. Et le film de Carine Tardieu souffre un peu de la comparaison, même si du drame à la comédie, l’envergure du projet semble bien différente, on gagne alors en poésie ce que l’on perd en intensité et en profondeur. Dans tous les cas, la quête des origines est tenace. On passe finalement un agréable moment devant Ôtez-moi d’un doute, mais sans plus.

eloch
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le 10 sept. 2017

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eloch

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