Je ne connaissais ni Othon, ni le personnage historique, ni la pièce et donc avant de me lancer dans ce film j'ai lu un peu sa vie sur Wikipédia, sinon je sentais le coup foireux où j'allais rien capter. Et en fait, même en connaissant sa vie, c'est assez dur à suivre pour une raison assez simple : je ne comprends rien lorsqu'ils parlent. Les acteurs récitent du Corneille, on sent lors des rares moments intelligibles que le texte est vraiment beau, mais ils le récitent sur le ton monocorde et sur un rythme soutenu caractéristiques du duo mais surtout avec un accent italien assez dégueulasse.
SI c'était le premier Straub et Huillet que je voyais, j'aurai eu la même réaction que pour Antigone, à savoir le rejet total. Cependant je commence à voir ce qui peut être intéressant, mais surtout j'ai été assez fasciné. Je ne pourrais pas dire que j'ai aimé ou adoré ce film, mais j'ai été fasciné, j'ai à plusieurs reprises décroché de ce qu'ils pouvaient bien raconter, et je suis bien trop fatigué pour maintenir mon attention assez longtemps pour déchiffrer ce qui peut être dit tant ça va vite et tant l'accent de certains acteurs (dont celui qui joue Othon) est prononcé, mais il se dégageait quelque chose du cadre, de ces acteurs statiques devant ces ruines avec en fond le bruit de la circulation de la ville.
Le drame se joue, sans prêter attention au monde extérieur. L'élite, ses jeux de pouvoir, coupée du monde. Enfin j'y ai vu ça.
L'épuration totale du film fait ressortir de manière assez frappant tous les rares mouvements de caméra ou les quelques zoom, qui deviennent tout à coup absolument intenses et donnent une prestance, une aura au personnage, notamment dans la première scène, si je ne me trompe pas, Othon et la caméra pivotent pour se retrouver face à face, tout de suite ça impressionne vu la sobriété de ce que l'on vient de voir précédemment.
Et en tous cas, ça m'a donné envie de lire la pièce.