Conte iranien
Premier opus de la trilogie dite de Koker qui prend place dans le nord de l'Iran, "Où est la maison de mon ami" est une petite fable réaliste sur l'enfance ; dramatique et comique à la fois mais...
Par
le 27 févr. 2011
27 j'aime
1
... d'ailleurs ou d'avant...
Quel rapport, me direz-vous, entre Où est la maison de mon ami, le chef d'oeuvre d'Abbas Kirostami, et Belle et Sébastien, réalisé par Nicolas Vanier d'après le feuilleton télévisé (et les livres) de Cécile el Glaoui, née Aubry ?
Les paysages, d'abord. Pas parce que les Alpes françaises ressemblent à la campagne de la province de Qom (Iran). Ils ne leur ressemblent pas. Du tout. Mais dans chacun des films, ils ont une importance essentielle. Ils sont le monde de l'enfant dont le film raconte l'histoire, ce qui le forge, au jour le jour, autant que ses parents, sa famille. Le monde qu'il parcourt - à pieds - tout au long de son histoire filmée. Ils sont aussi, tout autant que l'enfant, des personnages du film à par entière. Autant qu'Ahmad, ou Sébastien. L'histoire d'Ahmad n'aurait pas plus de sens hors des collines iraniennes, que celle de Sébastien loin des Alpes françaises.
L'enfance, ensuite. Pas seulement parce que les personnages principaux sont des enfants, mais parce que la vision de l'enfance, non des réalisateurs (celle-là, je ne la connais pas vraiment) mais des personnages, des sociétés dans lesquelles évoluent les jeunes héros, est pareille. Celle d'une enfance à la fois libre (ces très jeunes garçons errent dans la campagne, disparaissent pendant des heures entières, et aucun adulte ne s'en inquiète) et ignorée (personne n'écoute les petits garçons quand ils parlent, quand ils interrogent. Ils sont plus ou moins transparents aux yeux des adultes. Sauf, peut-être, à ceux de César, le grand-père adoptif de Sébastien, et à ceux d'un vieux sculpteur sur portes - je ne regarde plus les portes de la même façon depuis que j'ai vu ce film - qui "guide" Ahmad dans le village voisin du sien. Mais même ces adultes-là ignorent les enfants. Quand ils leurs parlent, ils leurs parlent d'eux-mêmes). Ces histoires tournent autour de l'enfant, mais l'enfant y est quasi-transparent pour son entourage. Il y vit une enfance qui paraîtrait merveilleuse aux yeux d'une majorité des gamins post-Dutroux, mais qui est, avant tout, ignorée.
L'enjeu enfin. Sauver un chien errant, rapporter un cahier à un camarade, peut sembler dérisoire à nos yeux d'adultes. Mais ce n'est pas dérisoire pour ces enfants. C'est même essentiel. C'est même l'essentiel, malgré les problèmes graves qu'affrontent, dans le même temps, les adultes qui les entourent.
Finalement, le film nostalgique de Nicolas Vanier, et celui, venu d'un autre monde, d'Abbas Kirostami, ne sont pas si différents.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films avec des rôles tenus par des enfants, Les meilleurs films sur l'enfance, Films d'Ecole et Les meilleurs films sur l'école
Créée
le 31 mars 2018
Critique lue 228 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Où est la maison de mon ami ?
Premier opus de la trilogie dite de Koker qui prend place dans le nord de l'Iran, "Où est la maison de mon ami" est une petite fable réaliste sur l'enfance ; dramatique et comique à la fois mais...
Par
le 27 févr. 2011
27 j'aime
1
J’avais quelques appréhensions à reprendre Kiarostami après une des séances les plus douloureuses de ma jeunesse, l’abominable, prétentieux et chiantissime Goût de la cerise, le genre de films qui...
Par
le 2 juil. 2013
25 j'aime
26
Il y a dans Où est la maison de mon ami ? la simplicité aigüe d'un récit d'apprentissage au cœur même de l'enfance et la sincérité la plus touchante pour en décrire les peurs ainsi que les urgences...
Par
le 16 juil. 2020
18 j'aime
Du même critique
Mettons les choses au point : oui, l'esclavage est une ignominie. Et, oui, la façon de Scarlett O'Hara (et de Margaret Mitchell, et de ceux, nombreux, qui ont permis à ce film d'exister) de...
Par
le 27 mai 2018
19 j'aime
7
"C'était à Mégara...". Sans doute l'une des premières phrases de roman les plus connues de la littérature française. C'était à Mégara, donc. Dans les faubourgs de Carthage. Là vivait Salammbô...
Par
le 27 janv. 2019
17 j'aime
7
Je l'avoue : chaque fois que je revois ce film, il me prend aux tripes. Je n'y peux rien, c'est comme ça, d'où ma note. Objectivement, je devrais lui mettre 6 ou 7. Subjectivement, ce serait...
Par
le 26 juil. 2018
17 j'aime
2