Ce giallo tardif réalisé par le fils de Steno est méconnu et quasi introuvable. C’est curieux car dans le lot abondant des giallos des années 80, celui-ci tient plutôt la route. Si l’interprétation reste très approximative (surtout lorsqu’on plante au beau milieu de ce petit monde un Donald Pleasence plutôt actif dans les séries B américaines et italiennes de cette décennie), le résultat se défend avec un récit qui reste maîtrisé et une photographie globalement soignée. Carlo Vanzina évite de sombrer dans le grotesque même si l’ultime scène n’est franchement pas convaincante. Ce giallo mise plutôt sur l’érotisme (avec beaucoup de plans totalement gratuits montrant les attributs des actrices évoluant dans le monde du mannequinat) que sur l’aspect sanglant même si les mises à mort se révèlent de plus en plus graphiques au fil des minutes.
Pino Donaggio à la musique semble représenter un trait d’union entre le réalisateur et Brian de Palma puisqu’on retrouve dans ce film de nombreux thèmes communs aux deux metteurs en scène. Moins alambiqué que les récits de son homologue américain, celui de Carlo Vanzina explore le thème de la gémellité avec intelligence, place la passion et le dérangement mental au cœur de son intrigue, et présente des personnages au jeu souvent double. Tout ceci n’a, bien sûr, pas la qualité d’un film du de Palma de cette grande époque. Le rythme est souvent lâche et les moments forts de l’histoire manquent cruellement d’intensité. Les fautes de goût se révèlent cependant très peu nombreuses et le manque évident de moyens se retrouve principalement dans les clichés véhiculés par le monde de la mode dans les années 80 à grands renforts de brushings improbables et de photos hasardeuses. On reprochera un traumatisme commun à plusieurs personnages du film franchement bête et mal amené.
L’amateur de giallo et de séries B italiennes y trouvera sûrement son compte. Contrairement à beaucoup de films de cette période, on sent un véritable style et une volonté de brasser autre chose que du vent. Le résultat n’a rien de mémorable mais il se tient. C’est suffisamment rare pour donner du crédit à ce petit thriller.