Quand j'ai vu que Yves Lavandier avait écrit et réalisé ce film, j'ai pris peur. La raison est que je considère son livre théorique sur la dramaturige comme ma bible de chevet. L'auteur semble avoir tellement bien compris les mécanismes de la narration que, en toute logique, je craignais que son film ne soit raté. Ben oui. Ne dit-on pas : "celui qui ne sait pas faire, enseigne"?

La mise en scène est assez maladroite. Sur la fin, ça va mieux. La scène d'amour finale est même très belle. Mais le champs contre-champs trop brutal empêche parfois aux acteurs de vraiment jouer ensemble. Cela donne un aspect décousu aux nombreux dialogues. Les acteurs, pas mauvais au fond, ne sont pas non plus à l'aise avec ce découpage, et ont des difficultés à convaincre par moment. Là aussi on sent que Lavandier s'améliore sur la fin.

Côté écriture, j'ai d'abord été repoussé par les dialogues un peu bateau, avant de me rendre compte que c'était la mise en scène qui donnait cette impression. Finalement, en soi, c'est assez finement écrit. Et Lavandier parvient à rendre compte d'une histoire avec conflits et résolutions à la pelle. Voir le film, c'est aussi repenser à tous ses conseils : un conflit interne est plus intense s'il a des origines externes et vice-versa. C'est de ça dont traite le film (au travers de la psychanalyse). J'ignore si l'auteur a été psy avant de se lancer dans l'écriture, mais en tous cas il semble maîtriser son sujet, sans pour autant sacrifier la narration au profit d'un pseudo réalisme. C'est en fait un véritable tour de force que d'arriver à inculquer quelques rudiments de la psychologie tout en restant fidèle aux règles de la fiction cinéma.

Bref, après un début désastreux (déjà lire une légende indienne et ensuite voir le nom de Gérard Jugnot apparaître, bonjour l'angoisse), "Oui, mais" s'avère être une comédie réussie et intelligente de surcroît. Le petit bonus, c'est aussi de voir le réalisateur s'amliorer au fil des scènes et faire preuve d'une touchante finesse lors d'une des scènes les plus importantes du film.

PS : Bon sang que Emilie Dequenne est belle. Et bien faite en plus. Une très belle femme, douée en comédie. Elle est touchante dans son film, sans jamais tomber dans le misérabilisme (grâce au réalisateur aussi). Certains trouveront son visage bouffi, moi je dirai juste qu'elle est pulpeuse et mignonne. Mmmh !
Fatpooper
8
Écrit par

Créée

le 6 mai 2013

Critique lue 977 fois

1 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 977 fois

1

D'autres avis sur Oui, mais...

Oui, mais...
Monsieur_Cintre
7

Cours de psycho

Gérard Jugnot vous accueille dans son petit cabinet de psy, et conte l'histoire banale mais tout de même intéressante d'une jeune adolescente. Il obtient alors un rôle de médiateur pour adolescent,...

le 15 août 2020

3 j'aime

5

Oui, mais...
Mesokee
9

Une perle, non par le talent cinématographique, mais plutôt par le sens.

Je ne suis pas une grande spécialiste du cinéma, je ne jouerai donc pas les critiques éclairées sur le scénario, la qualité du jeu, la mise en scène ou que sais-je encore. Ce film n'est certainement...

le 12 déc. 2017

2 j'aime

Oui, mais...
Cyann_Kairos_De
7

oui pour l'histoire, mais non pour la réalisation

Que c’est mal réalisé ! cadrage sans idée, couleur terne, éclairage hasardeux, photographie moche et direction d'acteur médiocre (en outre certains acteurs sont totalement mauvais) et quel générique...

le 16 juin 2014

2 j'aime

1

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

121 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

108 j'aime

55