Ouija Shark
2.6
Ouija Shark

Film de Brett Kelly (2020)

Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas parlé d’un film de requin bien dégueulasse. Bon, je suis certain que ça ne vous manquait pas, mais j’avoue que moi, les squales en CGI lowcost, ça me manquait un peu. Après un coup d’œil à ce que j’avais en stock, je jette mon dévolu sur Ouija Shark, le dernier en date de ma collection puisqu’il est sorti cette année. En plus, il avait le mérite d’être à la fois le plus court, 1h10 au compteur, et le plus mal noté sur IMDB de tous mes 800 films en stock (pas que de requins, je vous rassure). J’allais faire d’une pierre deux coups comme on dit : je n’allais pas souffrir très longtemps, et j’allais pouvoir enlever cette verrue de ma collec (oui, je sais Rick, elle n’aurait jamais dû y entrer). Et punaise, c’était du lourd, du très très lourd. Parce que j’en ai vu des films de requins bien pourris, mais celui-là, il obtient la palme du pire, et de loin ! Parce qu’à côté, Atomic Shark, Sand Shark, Sharkenstein et autres 5-Headed Shark Attack pourraient passer pour des chefs d’œuvre du 7ème art. Si si !


Il y a 25 ans, à l’aube de mes 14/15 ans, il nous arrivait de faire des petits films avec mes potes. On allait à la Foir’Fouille s’acheter quatre accessoires et demi, quelques costumes bas de gamme et autres perruques aux looks discutables avec les quelques piécettes d’argent de poche qu’on avait. On discutait du scénario des heures durant pour qu’au final il fasse deux lignes. On cherchait les deux ou trois lieux dans lesquels on allait tourner, pas trop loin de la maison des parents, et souvent dans la maison des parents. On distribuait les rôles, parfois multiples pour certains d’entre nous, on demandait l’autorisation à papa d’utiliser son caméscope et on se lançait. Le résultat était ce qu’il était, c’est-à-dire franchement pourrave. Des faux raccords à la pelle, des plans qui nous paraissaient intéressants mais au final à côté de la plaque ; des sourires en coin à chaque scène ; des effets spéciaux en direct live (disparitions, effets de gigantisme / nanisme en jouant avec la profondeur de champ) ; pas de montage postprod mais tout en direct au caméscope (donc des scènes tournées dans l’ordre qui s’enchainent les unes à la suite des autres) … Bref, l’amateurisme foireux dans toute sa splendeur, mais on s’amusait, et c’était le but recherché.
Et bien Ouija Shark, on a l’impression que c’est un peu ça : une bande de copains copines qui tournent un film de requin parce que ça les fait marrer, en utilisant la maison de papa et maman, la piscine de papa et maman, le sentier dans le bois du coin, des accessoires faits à la va-vite avec 2 bouts de palette, des costumes achetés sur deguise-toi.fr, une marionnette de requin (façon chaussette qu’on enfile sur la main) en papier mâché, un logiciel d’effets spéciaux en shareware, et le tour est joué. Y’a plus qu’à s’agiter comme des couillons devant la caméra et on a notre film.


Le mec qui a voulu faire ce film a bien compris que pour un film de requin, il faut des femmes en petite tenue qui se trémoussent au bord de la plage, avec si des boobs le plus souvent possible. Bon, aucune de ses copines n’a voulu se foutre à poil devant la caméra, donc il faudra se contenter de maillots de bain et comme sur la plage, il y a du monde, et du coup on ne peut pas faire ce qu’on veut, alors on va faire ça dans la piscine des parents. Au moins, on n’est pas emmerdé.


– « Papa ! Tu veux faire le rôle du flic dans mon film ? A la fin il doit affronter un requin fantomatique avec l’héroïne du film. »
qu’il est con ce gosse « … Ouais, si tu veux… »
– « Et tu crois que maman voudrait jouer un petit rôle aussi ? Elle aura juste deux lignes de dialogue »
– « Mais tu ne veux pas arrêter de l’emmerder à ta mère ? Elle est en train de faire le rôti pour ce soir. » il va nous faire chier longtemps ce gosse ?
– « Maman, tu veux jouer dans mon film ? C’est un film avec un requin fantomatique qui a été invoqué avec une planche de ouija. Toi, tu jouerais la maman de l’héroïne, tu apparaitrais juste 1 minute. Dis oui maman steupé, dis oui ! »
– « D’accord mon chéri, mais laisse-moi finir le rôti »
– « Yes ! Je vais appeler les copains et les copines pour commencer le tournage cet après-midi. On va squatter votre piscine, ne vous inquiétez pas hein ? »
– « D’accord mon chéri. Et ils vont manger là tes amis ce soir ? C’est pour savoir si je sors un deuxième rôti mon chéri. » il est bizarre mon fils en ce moment, j’espère qu’il ne se drogue pas


Et c’est ainsi que naquit Ouija Shark. Enfin, je suppose. J’espère. Je ne vois pas d’autres possibilités. Ce n’est pas possible autrement. C’est mauvais, mais mauvais. La mauvaisittude à son paroxysme. L’amateurisme dans toute sa splendeur. Avec des pseudos acteurs qui ne savent pas jouer et qui ont des sourires en coin à la fin de chaque scène, se rendant sans doute compte du ridicule de ce qu’ils sont en train de dire ou faire. Le duel planche de ouija / pintades en maillot de bain le moins intéressant que le cinéma ait jamais donné. Des acteurs qui courent sans but dans les bois parce qu’on leur a dit « Cours dans les bois, on rajoutera un trucage de requin après coup ». Avec un spécialiste des animaux surnaturels qui semble ne pas avoir de bureau et qui est obligé de tourner sa scène dans la cuisine de maman. Avec un requin translucide parmi les plus moches jamais vus, qui aura le mérite d’avoir été fait à l’ancienne, avec du papier mâché, car aucun des copains ne s’y connaissait en images de synthèse, même dégueulasses. Avec une scène de nettoyage de voiture en petite tenue sexy car Papa veut bien se prêter au jeu mais uniquement si on décrasse son petit 4X4. Avec des scènes d’action aussi intenses qu’un Derrick sous Lexomil. Avec des dialogues dignes des pires épisodes de La Philo Selon Philippe (croyez-moi, ce n’était pas bon). Ce film est une vaste blague, une purge, un étron. D’ailleurs, si Ouija Shark était un caca, il serait un caca de lendemain de cuite, tout liquide, qui pue la mort, et qui brûle le cul. Voilà, c’est ça qui le représente le mieux. Et c’est sur cette touche de poésie qui je m’en vais détruire ce film, tenter de l’oublier, et réfléchir à quel sera le prochain. Tiens, Trailer Park Shark. Ça a l’air bien ça Trailer Park Shark. En même temps, à côté de Ouija Shark, même un The Asylum semble bien.


Imaginez le film de requin le plus pourri qui soit. Imaginez que The Asylum et Nu Images se soient associés et aient pondu le film de requin le plus pourri jamais existé. Avec des acteurs mauvais et des CGI immondes. Voilà, vous y êtes ? Et bien Ouija Shark, c’est encore pire. Voilà, rien à rajouter de plus, bonsoir m’sieurs dames.


Critique originale : ICI

cherycok
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le 31 août 2020

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