Le cauchemar du Japon
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Our Lady of the Chinese Shop a été projeté lors du 42ème Festival International du Film d'Amiens au sein de la compétition internationale.
L'Angola a été une terre majeure du cinéma africain. À l'époque où ce dernier prenait son indépendance, il a livré avec Sambizanga (1972) l'un des plus grands classiques du 7ème Art en Afrique. Sa réalisatrice était la première cinéaste du continent, Sarah Maldoror - incidemment, elle est aussi la mère d'Annouchka de Andrade, ancienne directrice artistique du Festival International du Film d'Amiens. Our Lady of the Chinese Shop était donc une parfaite entrée en matière pour la toute première séance de la 42ème édition d'un évènement qui s'est toujours donné pour mission - entre autres - de représenter le cinéma d'un continent trop souvent oublié.
Le réalisateur Ery Claver s'était déjà illustré comme scénariste du récent Air Conditioner. De ce premier film, il reprend certains codes : en premier lieu, une esthétique léchée, entre extérieurs chauds et sablonneux et nuits éclairées au néon polychrome. Mais aussi et surtout la volonté de dépeindre les réalités d'un pays qui nous est étranger, sans pour autant faire de concessions sur la poésie de son œuvre et signant ainsi une nouvelle veine de réalisme magique, comme pouvait le faire L'Esprit de la Ruche en son temps.
Les vérités les plus profondes se dissimulent ici dans ce que l'on ne voit pas. Chaque personnage lutte contre l'absence, le deuil et la perte ; qu'elle soit celle de la santé, d'une fille, de l'être aimé, d'un chien, ou de repères... Ils se font les miroirs d'un Angola meurtri par un passé colonial, une classe politique corrompue et l'emprise économique insidieuse de la Chine en Afrique. C'est pour affronter ce deuil que les personnages se tournent vers le spirituel, entre animisme traditionnel et christianisme colonial. Mais les Vierges en plastique de l'échoppe chinoise peuvent-elles vraiment faire des miracles ?
C'est vrai, Our Lady of the Chinese Shop regorge des imperfections d'un premier film, et semble parfois trébucher sur le chemin qu'il souhaite se tracer. Il souffre d'un rythme inégal, principalement impacté par un prologue placé aux deux tiers du film. Enfin, une narration très (trop) présente, notamment au début du film, peut freiner l'immersion du spectateur. Et pourtant, bien que je ne puisse fermer les yeux sur ces écarts, il continue d'exercer sur moi une mystérieuse fascination.
C'est précisément parce qu'il est inexpérimenté qu'Our Lady of the Chinese Shop est aussi audacieux, sincère et puissant dans ses allégories. Car pour tous ses égarements, le poème visuel de Claver se pare d'images purement magiques et parvient à convoquer des séquences splendides, particulièrement dans un dernier acte qui le conclut avec brio. Ery Claver se bâtit un monde à part entière, pas tout à fait vrai mais jamais très loin de la réalité, et transcende Luanda pour en faire une nouvelle capitale du cinéma contemporain.
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Créée
le 26 nov. 2022
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