Il était une fois l'Écosse

Arrivé un petit peu sans prévenir avec l'ombre de Braveheart planant sur la production Outlaw King est un film atypique dans le paysage cinématographique actuel. Une fiction historique à gros budget se targuant d'avoir pour lui une reconstitution de qualité, un casting de luxe tout en affichant une ambition assez modeste ne se plaçant pas non plus comme un énorme blockbuster à la promotion démesuré cela faisait longtemps que l'on en voyait plus, bien entendu le label Netflix n'y est pas pour rien et ils ont tout intérêt à pérenniser ce genre de production. Il y a en effet une place à prendre ce type de spectacle étant désormais assez rare dans les salles obscures ou il y a désormais une frontière nette entre gros Blockbuster et un cinéma plus indépendant ne laissant que peu de place à des productions se plaçant entre les deux et plus généralement la fiction historique est très largement passé de mode.

Si le film se loupe sur pas mal d'aspect il faut quand même lui reconnaitre le mérite de proposer un spectacle rafraîchissant qui n'a pas d'autre ambition que de nous conter une histoire finalement assez simple mais prenante.
Le film prend donc place juste après la mort de William Wallace en 1305 et en cela il est presque une suite indirecte au film de Mel Gibson puisque l'histoire débute avec la reddition des lord écossais au Roi Édouard 1ier. L'on suit donc le cheminement de "Robert the Bruce" un noble écossais qui après sa soumission au roi d'Angleterre va être amené à mener une nouvelle insurrection contre celui-ci. Historiquement le film est plutôt honnête mais n'échappe cependant pas aux maladresses habituelles du cinéma grand public, chose que l'on peut aisément pardonner devant le soin apporté aux costumes, à la grande place accordée aux décors naturels écossais et aux efforts fait par le réalisateur pour rendre son spectacle crédible et viscéral. Cela tient beaucoup aux affrontements du métrage qui ne nous épargnent rien de leur violence le film n'hésitant pas à montrer des bras tranchés et autre boyaux nous montrant l'extrême violence des combats au Moyen Âge, les batailles sont violentes, l'on lit la folie dans le regard des hommes et à aucun moment ils ne sont glorifiés.
Plus globalement le film suit les événements du soulèvement écossais de manière plus ou moins correcte les plus grosses erreurs se trouvant dans la représentation de la royauté anglaise en particulier le prince de Gales Édouard érigé en antagoniste de manière assez caricaturale donnant néanmoins lieu à une opposition sympathique avec Robert, son rôle dans le film est de manière générale assez extrapolé par rapport à la réalité le rôle d'Aymar de Valence étant bien plus prépondérant dans le conflit.
L'on pourra noter quelques autres grosses erreurs comme cette scène surréaliste à la mort d'Édouard 1ier ou le prince de Gales demande à ses hommes d'enterrer le roi sur place en Écosse dans le plus grand des calme ou l'instauration d'une prétendue "bannière dragon" qui justifierait l'abandon des valeurs de chevalerie au profit d'une traque sans merci du roi Hors la loi.

Plus globalement le problème principal du film est dans sa caractérisation de Robert the Bruce qui manque clairement de développement malgré un très bon Chris Pine. Contrairement à la représentation de William Wallace dans Braveheart caractérisé de façon remarquable l'on a ici l'impression qu'il manque quelque chose à ce Roi.
En effet la transition entre sa période de faiblesse extrême et son ascension est amené de manière beaucoup trop abrupte pour être crédible dans le déroulement du métrage, c'est dommage parce-que paradoxalement le film nous montre très bien la précarité de sa situation après sa défaite à la bataille de Methven mais peine à montrer de manière concrète comment il retourne la situation à son avantage. De même pour sa relation avec Elizabeth de Burgh qui si elle se pare d'une subtilité bienvenue abordant leur mariage arrangé de façon assez efficace manque cruellement de liant, l'on ne comprend pas comment leur relation passe d'un mariage arrangé à un amour inconditionnel et une fidélité sans faille d'Elizabeth à Robert.
Des autres personnages du film j'ai retenu William Douglas campé par un Aaron Taylor Johnson en grande forme qui est tellement charismatique qu'il en éclipserait presque Robert, sa folie vengeresse au combat et sa caractérisation le rendent vite très intéressant et il fait parti des réussites du film.
Le Prince de Gales est également intéressant malgré le coté historique discutable je retiendrai cette magnifique scène à la fin de la bataille de Loudoun Hill dont je réserve la surprise à ceux n'ayant pas vu le film.
Globalement les autres personnages sont assez en retrait et 30 bonnes minutes de plus n'aurait pas été de trop pour nous investir un peu plus sur leur sort.

Outlaw King est donc un film sympathique, cela fait plaisir de voir une production cinématographique historique ambitieuse qui se donne les moyens d'être crédible grâce à une réalisation solide, d'excellents costumes et des décors écossais somptueux. Malgré tout l'on sent que le film aurait pu prétendre à être une fresque historique grandiose et marquante ce qu'il rate la faute à des personnages un peu trop en retrait et des raccourcis de scénarios bancal. Le métrage est donc un spectacle plaisant et prenant porté par un casting aux petits oignons mais n'a néanmoins pas l'envergure d'un grand film.