Depuis sa sortie ultraconfidentielle, avec à peine une vingtaine de copies en première semaine, et son sujet sensible, je voulais découvrir ce qui se cachait derrière cette censure française. Profitant du défi de Taguzu « Watching Challenge 2015 », je l’ai mis dans la catégorie « Un film qui a été censuré chez vous », sans savoir si j’allais pouvoir le visionner cette année. Bien que désespérant de le voir en salles avec un débat après séance depuis plus d’un an, j'ai réussi à le retrouver sur la toile.
Certains avocats ou politiciens cités dans le générique de fin n’ont pas voulu y participer pour de bonnes raisons, selon eux. Or, ce n’est pas uniquement leur travail qui est mis en cause dans ce procès. C’est plus l’institution judiciaire dans son ensemble qui est montrée comme défaillante autant dans l’organisation que la gestion d’un procès lorsque les accusés et les victimes sont trop nombreuses dans une salle d’audience. Je comprends qu’une partie des avocats affirment que cela ne se passent pas toujours comme ça. Serge Garde montre aussi comment la défense a utilisé les médias à leur avantage dans ce procès, se déroulant en huis clos, pour influencer le jugement final. Cette volonté de gagner à tout prix, au mépris de la Vérité et des victimes, quitte à les malmener lors des audiences est dérangeante dans une affaire comme celle-ci. Surtout quand on sait que les victimes sont des enfants mineurs. Même si c’est une façon comme une autre de défendre son client, dans certains cas.
Ce documentaire nous oblige, aussi, à nous poser la question de la manière dont les journalistes ont traité cette affaire, en voulant faire le buzz pour vendre un maximum d’exemplaires, sans véritablement aller chercher ce qui se cache derrière l’arbre. En effet, le huis clos empêche d’avoir un véritable retour sur ce qui passe vraiment en audience. Mais là où ça devient vraiment révoltant, c’est quand le politique s’empare de l’affaire pour faire valoir des intérêts personnels d’ambition et de prestige.
Dans cette affaire, le juge d’instruction Burgeaud et les victimes, des enfants mineurs, ont été instrumentalisés par l’institution judiciaire. Cette dernière a dégagé sa responsabilité sur le juge d’instruction alors qu’elle devrait se remettre en question pour ne plus reproduire les même erreurs dans le déroulé d’un tel procès. Il se dégage une volonté d’étouffer cette affaire qui était peut-être trop grosse, avec trop de ramifications, pour la Justice française. C'est un documentaire qui propose une autre lecture de cette affaire qui a fait grand bruit.
Après cela, existera-t-il une meilleure valorisation des droits des enfants lors d’un procès ? Rien n’est moins sûr, vu ce qui se passe aujourd’hui. Cet immobilisme a quelque chose d’inhumain. Quelle image de la justice les adultes donnent-ils aux enfants d’aujourd’hui ?
Après tout, entre la défense judiciaire et la Vérité… il y a un fossé. Peut-être un gouffre abyssal, sans fond , qui sait ?
Pour la critique sur "Présumé Coupable", fiction sur un accusé de ce procès : http://www.senscritique.com/film/Presume_coupable/critique/8047465