Les années 80 n’ont pas été très lucratives pour Francis Ford Coppola (échecs commerciaux avec Coup de Cœur et Cotton Club), obligeant le réalisateur à livrer par la suite des « films sur commande ». Il faut tout de même bien avouer qu’après avoir vu les deux premiers films de la saga du Parrain (1972 et 1974) et Apocalypse Now (1979), il était facile de chipoter sur la moindre nouveauté du cinéaste à l’époque. En 1983 sortait donc Outsiders, film qui a connu les tumultes des eighties et donc de la filmographe de Coppola. (CRITIQUE CONTENANT QUELQUES SPOILERS !!)
Le film nous place dans les années 60, en plein milieu d’une « guerre de gangs » entre les Greasers (jeunes délinquants issus de quartiers défavorisés) et les Socs (venant de la bourgeoisie). Un cadre qui « frôle » le quotidien jusqu’au jour où deux jeunes Greasers doivent fuir les autorités, l’un d’eux ayant tué en légitime défense un Socs. Vous l’aurez compris, le film met en avant deux adolescents dans un milieu des plus adultes et des plus violents, malgré ses grands airs de « normalité » pour ce qui est des bastons, des guets-apens and co. Un scénario donc qui veut nous montrer de jeunes garçons en proie à un crime dont ils n’ont pas voulu et qui doivent pourtant vivre avec, tout en se débrouillant seuls ou bien aidés par les autres membres de leur gang. En restant plusieurs minutes sur ce jeune duo, Outsiders nous prouve par la même occasion que les adolescents peuvent être de grands adultes, pour ce qui est des pensées philosophiques (le coup du poème), des instants de bravoure (le sauvetage des enfants dans l’église en feu) ou encore du point de vue sur cette guerre des gang, avec une once de problèmes sociaux. Un scénario qui se veut donc approfondi, même si certains détails peinent à rendre l’ensemble encore plus crédible (deux jeunes délinquants obnubilés par Autant Emporte le Vent, par exemple).
Mais avant toute chose, Outsiders se veut être un film hautement nostalgique, faisant référence à des films d’époque ou bien traitant de la même période (on pense d’office à Grease, mis en avant par le gang qui porte le nom des Greasers). Idem pour le sujet de base (à savoir des différences sociales à travers les deux gangs en jeu), et pour cela, c’est West Side Story qui saute aux yeux ! D’ailleurs, si l’on regarde attentivement Outsiders, il s’agit – en quelque sorte – d’une version moderne de West Side Story, les parties musicales en moins. Mais dans le film, la nostalgie d’une époque est surtout marquée par la bande-originale, composée essentiellement de chansons d’époques (avec en plus la participation de Stevie Wonder) et de partitions originales (signées Carmine Coppola) qui offrent au film un air décontracté (il n’y à qu’à voir la séquence de la baston générale !), transformant ainsi des scènes en de vieux souvenirs que l’on aurait pu vivre. Mais il faut tout de même avoué que cette ambiance détendue enlève à quelques passages une puissance émotionnelle qui aurait été bienvenue.
Nostalgique avant tout, Outsiders vaut surtout pour son casting de « nouvelles stars ». Un casting qui nous révélait les performances de Matt Dillon (Mary à tout prix, Collision…), de Patrick Swayze (Dirty Dancing, Ghost, Point Break, La Cité de la Joie) et de Tom Cruise (pas besoin de préciser sa filmographie !) dans des rôles secondaires, certes, mais des rôles plutôt crédibles marquants mis, en valeur par leur jeu d’acteur. Un constat qui concerne également les jeunes C. Thomas Howell (déjà repéré dans E.T. l’Extraterrestre) et Ralph Macchio, attachants au possible (rien que les scènes à l’hôpital, cela prend aux tripes !).
Bref, Outsiders doit sa renommée à son casting et son très grand côté nostalgique, qui effacent sans problème quelques défauts au niveau de la mise en scène et de l’émotion qui ne peuvent égaler la maestria du Parrain ou encore d’Apocalypse Now. Mais Outsiders a le mérite de nous faire revivre une époque, le tout dans la bonne humeur, avec une certaine maturité !