Ce n'est clairement pas un film que je qualifierai de parfait : la boucle musicale est pour moi trop présente, dès le début, ça devient assez vite lassant, ça fait un peu artificiel : on utilise une musique pour charger d'émotions des images qui n'en n'ont pas par elles-mêmes et qui n'en acquièrent pas par le montage ou par les commentaires.

ça commence donc comme quelque chose d'assez bateau et, ayant vu le film de Bonzel qui lui ressemble un peu (sur le principe), j'étais plutôt déçu, je me disais que les images ont beau être jolies, que j'aime bien toutes ces coupures entre et dans les scènes, ces zooms, je ne comprends pas ce que je vois, ya pas de biographie comme chez bonzel donc ça marche pas. Mêmes les petits textes hors contextes qui apparaissent je voyais pas l'intérêt. Je pouvais louer l'aspect cathartique évident pour Mekas mais il n'y avait pas de transmission d'émotions. Et puis j'ai finis par comprendre.


Ce qui a été le déclencheur c'est les mots de Mekas lui même quand il se décide à parler un peu. Déjà que le film soit avant tout pour lui, qu'il l'assume je trouve ça chouette, l'idée que se soit juste des images, pas des souvenirs c'est interressant car ça dépossède les images de la prétendue émotion a priori qu'elles pourraient avoir (mais la musique reste en contradiction je trouve, mekas n'a pas besoin de musique je suppose ? vu qu'il parle du spectateur, il a bien conscience de livrer ça à d'autres gens et fait un effort dans ce sens, je trouve que c'est un peu dommage de pas être aller jusqu'au bout).

Mais surtout quand il parle de son père, qu'il dit vouloir retrouver ce sentiment de proximité dans les détails de ce qu'il raconte, qu'il veut y retrouver de la beauté, c'est magnifique.

Et à partir de là, les images qui me paraissaient distantes sont devenues terriblement émouvantes. Déjà car j'avais un peu d'humain auquel les rattacher mais ce n'est pas la raison principales.


J'ai finis par être moi même dans la posture de Mekas, de chercher de la beauté dans ses images, pas chercher au sens actif, à décrypter, mais plutôt à me laisser porter par elles, les prendre vraiment comme elles viennent et ne plus les voir comme des souvenirs mais juste comme des images et donc me les approprier. A partir de là l'effacement de Mekas (même si on le voit parfois) devient une force. V qu'il ne raconte pas sa vie, on peut en même temps la reconstituer par nous-mêmes, reconnaître certains personnages, sans vraiment comprendre car il n'y pas d'enchainement logique ou temporel et en même temps utiliser les images comme support pour soit. Et c'est ce qui s'est passé pour moi. Les paysages qu'il a montré et la lumière m'ont rappelé un voyage qui marqué la fin d'une relation, après ça, je voyais cette personne dans tous les plans de la fin du film. La seule chose que je peux faire désormais c'est essayer d'en retrouver la beauté à travers les images qu'il me reste du voyage.


En plus de ma propre vie mise dans le film, ce que je crois comprendre de celle de Mekas m'émeu également, cette idée de la solitude du cinéaste, sa solitude proche de la mort.

Moi aussi je pense à toi, pas tout le temps mais souvent.




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