Frédéric,jeune professeur de littérature,est nommé dans un lycée où il va vite sympathiser avec trois collègues,le prof de dessin Michel,le prof de gym Gérard et le documentaliste Francis.Tous les quatre forment une joyeuse bande de déconneurs et vont foutre le bordel dans l'établissement,se débarrassant au passage des enseignants pas sympas.Patrick Schulmann était une sorte d'homme-orchestre du cinéma,ainsi qu'il le prouve ici en étant réalisateur,coscénariste,musicien et acteur.Il n'aura réalisé que sept longs-métrages dans sa carrière,dont seulement deux,son premier long "Et la tendresse?Bordel!" et celui-ci auront obtenu le succès.Découragé,il se rabattra sur des reportages pour "Envoyé spécial".Nonobstant son bon accueil public,ce "P.R.O.F.S." est une sacrée merde.Il est vrai qu'en son temps le film faisait illusion mais ça fait partie de ces oeuvres qui avec le recul ont une vraie sale gueule.Tout est foireux là-dedans,à commencer par la mise en scène statique et sans relief,cultivant le plan moyen fixe,relevé parfois d'un pauvre travelling.La photo grisâtre et triste fait pitié,seule la musique de Schulmann,plutôt mélodieuse et dynamique,relevant un peu le niveau.Quant au scénario,coécrit avec Didier Dolna d'après une idée originale de ce dernier,il est totalement calamiteux.C'est une comédie mais ce n'est drôle à aucun moment tant les gags ici utilisés datent de l'arrière-grand-mère de Mathusalem et se vautrent au fil de saynètes puériles et ridicules balancées sans rythme.Mais tout ça ne serait pas grave s'il n'y avait le fond dégueulasse sur lequel repose cette bouse cosmique.Il s'agit donc,17 ans après 68,de glorifier le déconstructivisme socio-culturel et le totalitarisme de gauche.Cette pourriture sur pellicule fait l'apologie de l'anti-enseignement,avec ces profs qui s'acharnent à détruire un système éducatif qui pourtant ne fonctionnait pas si mal jusque-là et qui éliminent physiquement tous ceux qui n'ont pas le bon goût de partager leurs opinions,tout cela dans la bonne humeur et la bonne conscience du devoir accompli bien sûr.Ce truc donne la nausée mais s'avère très révélateur en ce qu'il annonce carrément la situation actuelle de l'Education Nationale,et de la société en général,avec la chute vertigineuse de la qualité de l'enseignement,la contestation systématique des savoirs,l'indiscipline des élèves,la démission des profs et le laxisme hypocrite de l'administration,la chasse aux mal-pensants qui ont l'audace de résister,le droit à la paresse.C'était il y a presque quarante ans et tout est là,décrit sans fard,y compris les relations ambigües de copinage entre profs et élèves dont on voit aujourd'hui les conséquences au plus haut niveau de l'Etat.Ca aurait pu être un brûlot éclairant sauf que Schulmann et Dolna sont visiblement ravis de cette évolution et font de leur quatuor de connards décadents des héros et des exemples à suivre.La distribution est brillante sur le papier mais les acteurs,visiblement pas dirigés,semblent se livrer à un concours de celui qui jouera le plus faux.Patrick Bruel frime comme un débile en prof de littérature contestataire tandis que Fabrice Luchini,qui était à l'époque l'acteur fétiche de Rohmer mais aussi de Schulmann,rame comme un galérien en prof de dessin artiste raté.Laurent Gamelon,relativement mince en ce temps-là,rôde piteusement son emploi de brute décervelée en prof de gym n'hésitant pas à mettre ses élèves en danger.Christophe Bourseiller est quant à lui mou comme une chique en aide bibliothécaire fainéant.La palme revient cependant à Camille de Casabianca,la fille d'Alain Cavalier se montrant impressionnante en matière de parler-faux,et dire qu'elle est ensuite devenue réalisatrice et s'est permis de donner des indications de jeu à des comédiens.Les seconds couteaux sont souvent des habitués des films de Schulmann,la plupart ayant été mieux inspirés dans le passé.Les méchants profs qu'il faut envoyer à l'hosto,ou au cimetière pourquoi pas,sont incarnés par Guy Montagné,Chantal Neuwirth,Jean-René Gossart,Etienne Draber et la chanteuse Charlotte Julian,immortelle interprète de "Fleur de province",on dirait "Fleur de région" aujourd'hui.Il y a également la belle Yolande Gilot,à la carrière météorique,Anne Fontaine,encore une future réalisatrice,Martine Sarcey en proviseur collabo qui laisse inexplicablement la bande de tarés en faire à sa guise et Isabelle Mergault qui garde un mauvais souvenir de ce tournage et a déclaré regretter que le mouvement MeToo n'ait pas existé à cette période.Eh oui,nos moralistes gauchos ne sont pas les derniers quand il s'agit de pratiquer le harcèlement.D'ailleurs Schulmann était un obsédé sexuel notoire,ce qui avait de bons côtés vu que les plans de nudité féminine abondaient dans ses films,celui-ci ne faisant pas exception à la règle.Par contre la scène initiale est assez malaisante avec ce gamin qui fait se déshabiller une camarade dans une écurie.Mais bon,il parait que la pédophilie c'était cool autrefois.A propos de jeunes,les lycéens sont campés par des comédiens qui semblaient prometteurs mais dont les parcours dans la profession ont finalement été brefs.On retrouve là le couple de "L'hôtel de la plage",où était aussi Sarcey, formé de Lionel Melet et Malène Sveinbjornsson,ainsi que Sheila O'Connor qui comme dans "La boum" joue la copine moche de la bombe du bahut.Note et critique de film de Patrick Schulmann publiées précédemment:"Et la tendresse?Bordel!"-7.Moyenne:4.