Godzilla + Transformers + Goldorak + Power Rangers = Pacific Rim
Message à ceux qui ne comprennent pas pourquoi certaines personnes puissent aimer ce genre de films. Ce type de divertissement hautement commercial (il faut tout de même l’admettre) où le scénario se présente aux abonnés absents pour laisser place à une frénésie d’explosions et de destructions massives. Oui, le cinéma est un art, avec son lot de chefs-d’œuvre stylisés. Mais à trop en voir, cela se montre barbant ! Et en ces temps où la vie ne sourit pas vraiment à tous, il faut bien se vider l’esprit le temps d’un film, non ? Retrouver son âme d’enfant turbulent, qui ne pensait qu’à faire tout péter avec ses jouets. Ces blockbusters sont en quelques sortes un fantasme de gosses qui se concrétise sous nos yeux. Celui de voir ce que l’on imaginait avec nos figurines de monstres et robots. Alors oui, on adore Independence Day et autres Transformers, et alors ?? Quand le spectacle en met plein les yeux et permet de prendre son pied, une telle note est méritée !
Et si vous vous attendez à du Shakespeare dans de tels produits, c’est que vous êtes complètement à côté de la plaque ! Vous critiquez que c’est con et ça ne fait qu’exploser à tout-va. Mais franchement, vous vous attendiez à quoi ? Au lieu de critiquer, passez votre chemin ! Surtout qu’avec Pacific Rim, les attentions étaient déjà mises sur la table dès l’annonce du projet. À savoir réaliser un kaijū eiga, un film où l’on voit un monstre géant dévaster une ville, dont le genre fut initié par les japonais avec Godzilla et qui s’est perpétué avec ce monstre, Gamera, Mothra et… les Power Rangers ! Et quand un grand fan (Guillermo del Toro), connu pour l’intégralité de ses films (Cronos, Mimic, L’Échine du Diable, Blade II, la saga Hellboy, Le Labyrinthe de Pan et quelques productions horrifiques comme L’Orphelinat), se retrouve à la tête de ce qu’il chérissait étant petit, le résultat ne peut être qu’impressionnant (regardez ce qu’a fait Peter Jackson avec King Kong) !
Oui, l’histoire peut s’écrire sur un post-it ! Soit des Kaijus (monstres marins démesurés venus d’une autre dimension et venant de nos fonds marins) qui apparaissent et détruisent tout sur leur passage, que l’on décide de combattre via des Jaegers (robots aussi hauts que des buildings). Sans compter que le film regorge de trames scénaristiques dont on se fiche royalement et qui sont traités de manière un peu trop sérieuse (le point faible du film), ce qui atténue l’énergie du film et n’arrive pas à faire passer certaines répliques, sur le coup, trop lourdes (en bref, ça manque d’humour à la Michael Bay) ! Mais ce détail (oui, dans ce genre de film, le scénario n’est qu’un détail !) reste mineur face à ce qui nous est ici livré.
Car Pacific Rim est un kaijū eiga ! Peut importe si le script, les personnages et les acteurs (quoiqu’ici, les comédiens ne sont pas des branquignoles comme on a l’habitude de voir, surtout avec Idris Elba et Ron Perlman au casting) sont mis de côté. Ce qui nous intéresse, c’est le grand spectacle. Et là-dessus, le film est une véritable récréation ! Nous offrant des combats titanesques en pleine mer ou au beau milieu d’une ville, où valdinguent coups de poings, armes high-tech et bestioles en tout genre. Où bateaux, grues, containers et bâtiments ne sont qu’accessoires dans ces immenses arènes de jeux ! Le tout servi par des effets spéciaux et de lumières ahurissants, qui donnent au film un côté jeu vidéo (faut bien moderniser le genre, non ?). Sans oublier la mise en scène de Guillermo del Toro ! Si le cinéaste mexicain s’est montré bien plus inventif par moment, ici, il préfère s’éloigner de la mode des blockbusters actuels. Celle où la caméra bouge dans tous les sens (comme dans, plus récemment, Man of Steel). Cela, il le réalise cet exploit en filmant ces combats de loin (pas trop non plus) pour vraiment donner aux gens leur statut de spectateur, assistant à des affrontements où la puissance et le poids des combattants se font véritablement ressentir. Avec bruitages et musiques (composées par Ramin Djawadi, ayant travaillé sur celles d’Iron Man et Game of Thrones).
Mais aussi, del Toro a le mérite d’avoir su créer sa propre mythologie. Celle où l’on connait le fonctionnement des Jaegers (chacun piloté par deux personnages, synchronisés par connexion neuronale, au lieu d’une seule, le robot étant trop imposant ; un Jaeger pour chaque pays, avec son look et armement bien à lui ; fonctionnement numérique ou nucléaire…) et le métabolisme des Kaijus (deux cerveaux pour permettre l’exécution des mouvements malgré leurs poids ; mode de colonisation ; le marché des « morceaux » de Kaijus abattus…). Le tout surfant sur la mode du kaijū eiga, faisant sans cesse références au genre (certains Kaijus ont des appellations japonaises comme Otachi, Raiju et Onibaba ; un personnage principal, Mako Mori, d’origine japonaise…) et réalisant une introduction qui relate le succès engendrer par ces divertissements (naissance de héros, jouets à l’effigie des monstres…)
Oui, Pacific Rim n’est que du combat titanesque dévastateur et du bruit, et alors ? Le principal est de prendre son pied ! Et quand on en redemande après le générique, c’est que le rendu final du film est à la hauteur des attentes ! Pacific Rim est, sans nul doute, l’un des blockbusters estivaux les plus impressionnants de ces dernières années, et croyez-moi, il n’y en a pas des masses !