On voit un peu Pacific Rim comme on visite une cathédrale, on n’est pas forcément croyant, la peinture est un peu défraîchie par-ci par-là, un ou deux vitraux sont cassés, mais il reste une impression d’ensemble de majesté, un côté grandiose qui impose un certain respect tout en nous renvoyant à la façon dont nous voyions les choses étant enfant : au premier degré.

On aurait volontiers pensé que le blockbuster ne deviendrait jamais un genre à part, tout juste une verrue purulente dans l’histoire du cinéma. Un critique cinéma d’RTL avait posé cette question il y a plusieurs années : « Peut-on aller au cinéma comme on va au parc d’attraction ? », il avait répondu non et pourtant il s’agissait d’RTL et pas de France Culture. Cet homme ne connaissait pas Guillermo Del Toro.

Il faut l’admettre, là où Tony Scott a anobli le cinéma d’action, Del Toro parvient à reprendre à son compte les brouillons de Michael Bay ou Jan De Bont et à en effacer les ratures pour proposer un spectacle absolu qui fera perdre 50 points de Q.I. pour en gagner au moins autant de plaisir. Il donne ici vie à nos jeux et à nos rêves d’enfants, quand nos Zoïds allaient combattre Goldorak et que Musclor décidait de s’en mêler. Son film est titanesque, sorte de mythologie moderne où le Kraken est remplacé par les Kaijus et où Persée cède la place aux Jaegers. Les combats héroïques succèdent aux morts mémorables, le tout rythmé par une musique martiale et grandiloquente à souhait.

Que les fans du seul cinéma d’auteur passent leur chemin et ne viennent pas donner leur avis, cela n’aurait pas de sens. On le sait bien que Bergman n’a pas réalisé Pacific Rim, d’ailleurs si on veut du Bergman il faut être un brin masochiste pour voir ce film. C’est du pur divertissement, mais une nouvelle fois, Del Toro montre que les cinéphiles ont aussi droit à leur blockbuster. La photographie est superbe, un vrai travail sur les couleurs et la lumière a été fait, certains plans en seraient presque contemplatifs si le rythme du film nous en laissait le temps.

Alors on peut rêver, que les bouffeurs de pop-corn se réconcilient avec les cinéphiles orthodoxes, que d’autres cinéastes prennent le train en marche et fassent du blockbuster de meilleure qualité, hein Mickey Bay… On peut aussi continuer à rêver en se repassant dans la tête ce qui restera, c’est à souhaiter, comme la naissance d’un nouveau genre auquel il faudrait trouver un nom de baptême autre que « blockbuster » mais en attendant oui, vous pouvez désormais aller au cinéma comme vous allez au parc d’attraction.
Jambalaya
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le 21 août 2013

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Jambalaya

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