Dans un été 2013 surchargés de blockbusters composés de remakes, reboots et suites en tout genre qui rivalisent les uns avec les autres à coup de cynisme et d'un trop plein de sérieux, Pacific Rim est une énorme bouffée d'air frais. Loin d'être un simple film grand spectacle supplémentaire, il est surtout celui dont on avait besoin.

Dans les années 2020, la Terre est attaquée par des monstres géants, surnommés Kaijus, qui ont surgi d'une faille dimensionnelle au fond de l'océan pacifique. Pour lutter contre la menace, l'humanité s'est unie pour créer les Jaegers : des robots géants contrôlés par deux pilotes unis par une connexion neuronale, le poids mental d'une telle machine étant trop lourd pour un seul pilote. L'avantage pris contre les Kaijus n'a duré qu'un temps. Les apparitions de monstres sont de plus en plus fréquentes, chaque nouveau Kaiju s'adaptant aux techniques des Jaegers. L'humanité a commencé à perdre la guerre. A tel point que les Nations Unies ont décidé d'arrêter le financement du programme Jaeger en faveur de la construction d'un immense mur censé contenir les créatures. En désaccord avec ses supérieurs, le Marshall Stacker Pentecost (Idris Elba) décide de lancer une dernière attaque désespérée directement contre la faille d'où surgissent les Kaijus.

Loin du schéma moderne du héros solitaire contraint à sauver le monde sans compter sur autrui, Pacific Rim s'apparente davantage à un film choral où chaque personnage a son importance ainsi qu'une dose d’héroïsme. Pacific Rim est raconté du point de vue d'humains venus des quatre coins du monde qui décident de s'unir pour lutter ensemble. Une décision rafraîchissante de la part des scénaristes Guillermo del Toro et Travis Beacham car ce genre d'histoires adapte très souvent le point de vue d'une seule nation (les USA dans 99% des cas).

Pour raconter leur histoire, les scénaristes se sont reposés sur des archétypes de personnages : le pilote tête brûlée avec un conflit interne à surmonter, la pilote « rookie » qui souhaite faire ses preuves, le chef militaire dur mais juste, le pilote rival qui trouve que la tête brûlée est trop dangereuse. Si tout cela vous dis quelque chose, c'est normal. On retrouve quasiment les mêmes archétypes dans un film comme Top Gun. Et vous pouvez ajouter au tout, les deux scientifiques « comiques de services » et en particulier Charlie Day, qui n'aurait rien à envier à Jeff Goldblum dans Independance Day ou Jurassic Park.

On pourra reprocher à ces personnages un manque d'originalité et de profondeur mais si ces archétypes sont toujours utilisés, c'est qu'ils fonctionnent. Je me suis même surpris à avoir une petite larme à l’œil lors de la scène d'adieux entre deux personnages à la fin du film... Comme le dit le proverbe : c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes. Sans compter qu'ils sont dotés des noms les plus cools vu au cinéma depuis un bail. Ici, pas de John ou de Jack Smith, on s'appelle Stacker Pentecost, Raleigh Becket ou Hannibal Chau.

Mais Pacific Rim, ce n'est pas seulement des personnages, c'est aussi les scènes d'action les plus impressionnantes vues au cinéma depuis bien longtemps. Conçu pour être un hommage aux Kaiju Eiga (films de gros monstres, comprenez Godzilla) ainsi qu'aux robots géants que l'on peut trouver dans les mangas ou dans l'animation japonaise, Pacific Rim restitue à merveille ce que pourrait donner les affrontements dantesques entre protagonistes de 100 mètres de haut et de milliers de tonnes. Ces scènes transpirent la passion mais aussi la précision de la mise en scène de Guillermo del Toro. L'intelligence du réalisateur est telle, qu'il place très souvent un référentiel (un être humain, un hélicoptère, un oiseau) dans le cadre afin de rappeler au spectateur l'échelle titanesque de ce qu'il regarde. La bataille de Hong Kong est la plus réussie du film et bénéficie aussi de la plus belle photographie. On pourrait même lui reprocher d'être trop épique trop tôt et de rendre la séquence de conclusion un peu pâle en comparaison.

Les scènes de destruction à grande échelle sont désormais une étape obligatoire pour les blockbusters modernes. On pourra citer comme exemple Transformers 3, The Avengers ou plus récemment Star Trek Into Darkness et Man of Steel. Mais ces films -sauf peut-être The Avengers, qui montre une évacuation- mettent en scène une destruction de masse en occultant totalement les pertes civiles. Pacific Rim montre les civils fuir devant les Kaijus et les villes être évacuées et donne ainsi un vrai sens du danger à ses scènes d'action tout en libérant la conscience du spectateur, qui se dit que l'immeuble détruit par les héros a sûrement été évacué avant (*tousse* Man of Steel *tousse*).

Qui dit blockbuster estival dit inévitablement 3D. Celle de Pacific Rim a été réalisée en postconversion. Guillermo Del Toro et ILM lui ont consacré plusieurs mois de travail (une postconversion est d'ordinaire effectuée en quelques semaines). La 3D est claire, soignée et utilisée principalement pour les perturbations atmosphériques (pluie, neige, cendres). Si à aucun moment elle ne gène la vision du film, elle se révèle au final assez dispensable.

Avec Pacific Rim, Guillermo Del Toro livre un film épique, drôle et redonne du sens au mot héroïsme en le libérant du cynisme que notre époque à trop tendance à lui coller. Pacific Rim donne l'impression de retomber en enfance et nous fait quitter la salle avec un grand sourire sur le visage. Que demander de plus ?
browncoat84
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le 30 juil. 2013

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