Après Histoire de ma mort et La mort de Louis XIV le réalisateur catalan Albert Serra s'intéresse à un territoire français d'outremer : Tahiti.

Benoit Magimel y campe un haut-commissaire de la République sur le retour, marié. Rencontrant tour à tour les représentants des différentes communautés de l'ile il erre sur ce bout de France perdu au milieu du pacifique. La boite de nuit Paradis est le lieu de toutes les rencontres, des notables du coin aux marins en mouillage. Ils y cottoient serveurs et serveuses court vêtus, ainsi qu'entraineuses et prostitué(e)s. Et notamment Shanna (Pahoa Mahagafanau - révélation de ce film) un homme qui s'habille comme une femme qui peut faire penser au Māhū qui dans la culture tahitienne désigne les personnes du troisième genre qui ont des rôles spirituels et sociaux au sein de la société. Car Shanna fait bien le lien entre sa patrie et les étrangers qui s'y trouvent. Que ce soit le diplomate qui a perdu son passeport ou le personnage de Magimel qui semble avoir une relation avec lui/elle.

Notons également le personnage de l'Amiral (Marc Susini - vu déjà dans deux films de Serra) absolument grotesque du début à la fin, et spécialement à la fin, dans la scène où il danse de manière complètement ridicule avec marins et serveurs/prostitués du club, pour ensuite se retrouver sur un canot à faire des discours à ces mêmes marins. Si on retrouve la lenteur et l'ennui qu'on avait pu voir dans La mort de Louis XIV, on découvre une certaine maturité dans la façon de filmer, et des prises de vue tout à fait extraordinaires, notamment quand les personnages s'approchent en bateau des vagues. On est entre le Bruno Dumont de P'tit Quinquin et le Jacques Rozier de Maine Océan ou des Naufragés de l'île de la Tortue.

Oui c'est long 2h45, oui c'est lent, mais la lenteur est ici justifiée, c'est la lenteur des îles où rien ne se passe. Et même s'il ne s'agit que d'un long délire, la manière dont est filmée le paysage justifie à elle seule de s'infliger cela.

13/20

Hunkarbegendi

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