Premier long-métrage contemporain d'Albert Serra, Pacifiction ne fera évidemment pas l'unanimité après du public, s'étirant sur près de 3 heures, avec l'impression qu'il aurait pu en faire le double sans que cela change quoique ce soit, alors que resserré sur 90 minutes, il aurait peut-être réussi à envoûter un plus large auditoire (cet avis est strictement personnel). Au bout d'un certain moment, si l'on n'est pas sensible plus que cela à la "magie" de la mise en scène du cinéaste espagnol, il est inévitable de céder à un ennui poli (nésie), en dépit de quelques fulgurances et de passages assortis d'une ironie et d'un humour bienvenus. Il est attachant, pourtant, ce représentant ultramarin de la France, bien introduit dans la population locale et très à l'aise dans le relationnel avec des individus plus ou moins douteux (Tahiti louche ?). Et Benoît Magimel est impérial de bout en bout, dominant largement une distribution dans laquelle on peut se demander quel est l'intérêt d'avoir fait appel à Sergi Lopez pour ne rien à avoir à lui faire jouer. Les pérégrinations de ce Haut-Commissaire de la République, qui enquête sur une éventuelle reprise des essais nucléaires dans la région, ressemblent d'une certaine façon à celles du personnage de consul de France, imaginé dans une série de romans par Jean-Christophe Rufin. A ceci près que les livres de ce dernier n'ont de seule prétention que celle d'amuser, sans jouer au grand auteur.