D’Albert Serra j’avais adoré La mort de Louis XIV. Pacification, tourment sur les îles en est bien loin mais les deux films ont quelques points communs. Une lenteur assumée, une ambiance, une fascination. La mise en scène est magnifique, le scénario on ne peut plus mystérieux. Les deux alliés nous offrent quelque chose d’envoutant, de surréaliste et de poétique. A tel point que j’ai pensé parfois à du David Lynch. Tous les personnages sont énigmatiques. Du haut-commissaire de la république, Benoît Magimel magistral, au tenancier du bar glauque du coin, Sergi Lopez, toujours impeccable, en passant par une jeune femme, Pahoa Mahagafanau, dont on ne comprend jamais vraiment qu’elle est sa place dans cette histoire. D’ailleurs, il n’y a pas vraiment d’intrigue. Le récit s’étire mollement dans un environnement aussi moite que nébuleux, sur fond d’espionnage des grandes puissances et de reprise des essais nucléaires. Il ne faut pas essayer de trop comprendre et juste se laisser porter. Techniquement, c’est superbe. Les images sont magnifiques et un soin particulier a été apporté au son. On en ressort aussi hypnotisé que séduit et envouté. Le réalisateur espagnol nous gratifie une fois de plus d’un film difficile d’accès, de ceux qui se méritent. J’ai donc adoré et n’ai pas vu passé les 2h45 vues d’une seule traite. Une expérience sensuelle et sensorielle qui en fait l’un des meilleurs films de l’an passé. Superbe et fascinant.