Le royaume de feu
Après avoir gusta-visionné...(!) cette succulente sucrerie que fût son Devdas, je me suis mis en tête d’explorer la filmographie de Sanjay Leela Bhansali. Ce David Lean indien met en scène une...
le 7 juin 2021
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Padmaavat est dans la lignée des derniers Bhansali ; superbes visuels, histoire adaptée d'une oeuvre écrite, même duo d'acteurs en tête d'affiche.
Ce qui différencie ce film des précédents SLB, c'est qu'ici, une place beaucoup plus importante est donnée à l'antagoniste. Allauddin Khilji n'est ni plus ni moins un fou assoiffé de pouvoir, mais qui devient caricatural et presque agaçant au fil du film. Son personnage n'a que peu de substance et je lui préfère son compère Malik Kafur.
L'intrigue repose uniquement sur le désir de Khilji pour la reine Padmavati. Il ne se passe certes pas grand-chose, mais c'est surtout la dimension de l'honneur Rajput qui est très intéressante dans le film. C'est pour cela que le personnage que j'ai préféré est Ratan Singh. Certes, ses principes causent sa perte, mais je préfère mille fois un personnage comme Ratan Singh, dont la devise est "l'histoire peut changer mais un Rajput ne peut changer ses principes" à un traitre dont la devise est "il n'y a qu'une règle dans la guerre : la victoire". Dans ce combat entre la morale et le vice, les Rajput sortent la tête haute.
Le problème de Padmaavat, c'est justement Padmavati. Je l'ai déjà ressenti dans Bajirao Mastani (2015), le personnage principal est trop peu complexe et quelque peu agaçant. Padmavati n'a pas énormément de scènes bien qu'étant l'intérêt central du film, et les quelques décisions qu'elle prend sont dépourvues de logique. Quand on y pense, tout ce drame arrive simplement parce que Padmavati a décidé d'exiler Raghav Chetan, au lieu de le laisser moisir dans un cachot comme le souhaitait Ratan Singh. Il aurait mieux fait de s'écouter au lieu de laisser échapper son ennemi.
Dans la seconde partie du film, elle décide de se montrer à Alauddin, pensant que cela arrangera la situation, mais cela ne fait que l'empirer. Bravo, Padmavati !
Un autre point qui m'a dérangé dans le film est le choix de l'actrice principale. Deepika n'est pas une mauvaise actrice, mais après sa performance très plate dans Bajirao Mastani, je n'aurais pas cru la revoir dans un film d'époque. Pendant tout le film, elle délivre froidement ses dialogues, les yeux brillants, écarquillés et sans jamais un clignement à l'horizon. Une véritable statue de cire qui marche. Je pense réellement que les films d'époque avec des personnages sérieux ne lui conviennent pas. De plus, Padmavati est censée être la beauté la plus précieuse au monde. Deepika est belle et bien mise en valeur dans le film, mais au point de jouer la plus belle femme du monde ? Je ne pense pas. Si Bhansali avait choisi Aishwarya Rai, cela aurait eu beaucoup plus de sens. Toute l'ironie de ce choix se ressent dans la scène de rencontre entre Padmavati et Mehrunissa. Je ne suis pas la seule à avoir trouvé Mehrunissa (Aditi Rao Hydari) bien plus belle que Padmavati dans le film. Si les rôles avaient été inversés, j'aurais peut-être plus cru à la notoriété de Padmavati.
Néanmoins, il ne faut pas être trop intransigeant avec ce film. Après l'énorme polémique qu'il a suscité, 300 coupures ont été faites avant que le film puisse sortir. Alors, certes, Padmaavat a des défauts, mais il reste un très bon film compte-tenu du contexte de sa création.
Un point qui n'a pas plu à beaucoup mais qui m'a personnellement ravie, c'est l'alchimie entre Ratan Singh et Padmavati. J'ai trouvé que leur jodi fonctionnait très bien, surtout dans la scène avant le départ pour la bataille de Ratan Singh (chanson Ek Dil Ek Jaan). C'est certainement la seule scène dans laquelle j'ai trouvé de l'émotion dans le jeu de Deepika.
Comme dans chaque Bhansali, le point qui met tout le monde d'accord est évidemment l'esthétique du film. Visuellement, Padmaavat est mon Bhansali préféré ; la douceur des couleurs du fort de Chittor et des tenues de Ratan Singh et Padmavati sont un vrai plaisir visuel.
La bande-son est splendide, mon seul regret étant que Nainowale Ne n'ait pas été inclue dans le film. Cette chanson est mon coup de coeur avec Ek Dil Ek Jaan.
Concernant les acteurs, je retiens les performances de Shahid Kapoor, très convaincant en roi Rajput, Aditi Rao Hydari, très touchante, Jim Sarbh, qui donne froid dans le dos tant son jeu parait réel, Ujjwal Chopra, très convaincant en Gora Singh, et Raza Murad. Ce dernier avait déjà fait une courte apparition dans Bajirao Mastani. Ce choix d'acteur était très logique ; Raza Murad avait la carrure et le charisme nécessaires pour jouer le rôle de Jalal ud-Din Khilji. Le jeu de Ranveer Singh est juste sur certaines scènes, mais surjoué dans la plupart. Je n'ai pas réussi à croire à son personnage fou.
Pour conclure, Padmaavat est un très bon film qui mérite d'être vu et apprécié, surtout en sachant les pressions que le réalisateur et son équipe ont subies. Il dépeint l'honneur Rajput d'une très belle manière, et la scène finale est bouleversante.
Créée
le 7 mars 2020
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